Ce qui s’est passé au Havre, et aussi dans la région de Caen, à l’occasion du sommet du G8 qui se tenait à Deauville les 25 et 26 mai et du contre sommet altermondialiste organisé au Havre la semaine précédente, est très grave et montre le vrai visage de ceux et celles qui veulent gouverner le monde retranchés derrière des mesures de sécurité impressionnantes.
Pendant plusieurs jours, la ville du Havre s’est retrouvée en « état de siège » : flicage massif avec des dizaines de véhicules de police sillonnant la ville jour et nuit, mais aussi fichage des militant-es avec la multiplication des contrôles d’identité au moment des collages. Le tout complété par une justice expéditive avec des peines disproportionnées (4 mois de prison avec sursis) pour des jeunes « casseurs de vitrines de banques ». Tout a été fait pour faire peur aux habitant-es de la ville et des environs (commerces fermés, références continuelles aux Black block dans la presse) et ainsi rejeter la responsabilité d’éventuels incidents sur les organisateurs.
Les altermondialistes
se sont rebiffés
Malgré tout ça, le contre sommet a bien eu lieu et sans incidents majeurs (4 vitrines cassées et une poubelle brûlée !). La manifestation internationale du samedi 21 mai a rassemblé plus de 6 000 personnes dans une ambiance aussi bien festive que combative. Le meeting du soir (où une camarade de la FSU a pris la parole au nom du collectif local) a permis l’expression de toutes les résistances aux conséquences de la crise infligée aux peuples : en Angleterre avec F. Leplat de la Coalition of resistance (cf la revue n°29), en Ukraine avec un liquidateur de Tchernobyl et bien sûr en Tunisie avec un avocat défenseur des Droits de l’Homme. Un concert géant (et de qualité) a clos très tardivement cette première journée.
Le lendemain dans les locaux de l’université, satisfaction, encore une, au cours des 9 forums qui ont permis aux 500 participant-es de s’informer, d’échanger, de débattre mais aussi d’avancer des solutions alternatives au capitalisme (à remarquer le succès des forums sur les dangers du nucléaire et sur les révolutions arabes).
L’attitude du pouvoir, mais aussi certaines difficultés dans la préparation du contre – sommet ont démontré la nécessité de préparer dès maintenant la riposte pour le G20 prévu à Cannes en novembre. ●
Alain Ponvert
Dijon : Contre-G8 Éducation-recherche
Dans le cadre de la présidence française des G8-G20, un sommet mondial des universités devait se tenir à Besançon fin avril, et à Dijon début mai. Fin 2010, un collectif local d’associations, de syndicats et d’organisations politiques se constituait pour organiser un contre-sommet, autour du mot d’ordre :
– Pour une éducation émancipatrice
tout au long de la vie,
– Pour une recherche indépendante,
au service de tou-tes
Les objectifs étaient de mettre en lumière les questions sociales en lien avec l’éducation et la recherche, d’échanger autour d’expériences pratiques et de débats théoriques, de questionner la gestion des institutions formatées par des politiques néolibérales, de réaffirmer le pouvoir de l’éducation pour forger la conscience critique et réduire le fossé entre les cultures (extraits du texte d’appel).
Peu à peu s’est construit un programme riche et varié d’ateliers et de conférences, sur des thèmes allant de l’excellence à la précarité, en passant par le service public, la pensée dominante, les pédagogies alternatives, la démocratisation, la mobilité ou l’école en Europe, sans oublier les formes de résistance. L’EHESS a délocalisé à Dijon une séance de son séminaire « politiques des sciences ». Se sont également greffées deux interventions de sociologues, l’une sur l’histoire d’un syndicaliste de Sochaux, l’autre sur les barricades au XIXe siècle, ainsi que la projection du film (G)rêve général(e) sur la lutte anti-CPE.
Quinze jours avant le contre-G8, nous apprenions que la municipalité de Dijon refusait d’accueillir le sommet officiel pour des raisons de sécurité : le ministère de l’intérieur craignait la venue de black blocs et voulait boucler la ville… Nous avons dû batailler ferme pour maintenir notre contre-sommet, ce qui fut rendu possible par un solide travail unitaire, malgré les pressions de la ville, la préfecture et l’université.
En réalité, c’est aux « blue blocs » que nous avons eu affaire, à Besançon comme à Dijon : présence policière massive et ostensible ! Malgré tout, les manifestations du 28 avril et du 7 mai se sont déroulées dans le calme.
Au final, si la participation fut modeste (avec tout de même une certaine dimension internationale), les rencontres ont donné lieu à des débats de qualité.
Vous pouvez retrouver sur le site les listes des conférences, des intervenant-es, des organisations participantes, ainsi qu’un aperçu des débats : http://www.contreg8db2011.lautre.net/