Depuis un an, la crise sanitaire a fait toute la lumière sur la faillite des grandes puissances mondiales, plus promptes à réguler les échanges commerciaux et les transferts de capitaux, qu’à riposter à la pandémie de covid19 par une coordination des mesures à l’échelle de la planète. La mise à l’écart de l’Afrique dans les négociations avec les labos pharmaceutiques est un symbole particulièrement parlant. A l’échelon du pays, la gestion de la crise est catastrophique : mensonges sur les masques car les stocks n’avaient pas été reconstitués, retards et manque de cohérence des campagnes de tests, alternances de stop and go sauf pour les salarié-es et aujourd’hui, mise en route balbutiante de la vaccination dont toute la population ne bénéficiera pas rapidement… Le manque d’anticipation et l’absence de clairvoyance dont fait preuve l’exécutif sont inquiétants. Tout comme l’est le choix d’imposer tout un arsenal politique et législatif visant à renforcer le pouvoir central aux dépens du nécessaire contrôle démocratique.
Dans ce contexte, nous pouvons légitimement nourrir des craintes sur la capacité du pouvoir à juguler la crise économique et sociale. Les premières mesures prises l’ont été au bénéfice des entreprises pour compenser les pertes d’activité. Elles ne laissent planer aucun doute sur l’orientation de la boussole libérale. Les annonces de plans économiques s’accélèrent, des entreprises cotées au CAC40 favorisent les dividendes à la sauvegarde de l’emploi. Les effets sur l’augmentation du chômage, sur la hausse de la précarité et de la pauvreté, sur la montée des inégalités ne font aucun doute, mais sont, pour le moment, impréparés et mal anticipés. Alors qu’il faudrait renforcer les services publics, véritables amortisseurs aux effets de la crise, mais aussi favoriser les mesures à portée sociale, ce n’est pas dans ce sens que s’engage le gouvernement.
Aujourd’hui la crise politique est majeure, avec un pouvoir largement discrédité dans ses compétences à faire face à la crise. A un peu plus d’un an de la fin du mandat, et en l’absence d’alternatives crédibles, le champ social a une responsabilité à ne pas laisser la place à la résignation, à la désespérance et au repli sur soi, qui nourrissent le vote extrême-droite. Au contraire, le syndicalisme de transformation sociale doit organiser la colère sociale en mobilisant pour d’autres choix politiques. Il faut à la fois donner à voir des raisons du tous ensemble et de sa force, et construire une mobilisation susceptible de faire infléchir les priorités. Cela implique de réfléchir dès à présent aux alternatives, en recherchant l’adhésion et le soutien du plus grand nombre. Les bagarres sur l’hôpital public, sur l’école, mais aussi plus généralement sur les services publics et le champ de l’économie solidaire, nourrissent d’autres attentes, socialement plus justes et moins inégalitaires.
Le collectif « Plus jamais ça », notamment, remplit ce rôle : aujourd’hui le SNUipp-FSU et la FSU doivent continuer à l’investir largement et œuvrer à la construction d’initiatives communes, tout en informant la profession et en l’encourageant à rejoindre la réflexion collective. Dès lors cela dessine un avenir à notre portée.
Sandrine Monier