Enquêter au cœur du tumulte et de la barbarie

Hervé le Corre nous fait pénétrer Dans l’ombre du brasier, le brasier
du Paris de mai (les 18 et 19 pour être exact) 1871. La Commune vit
ses derniers instants. Les combattant-es veulent encore y croire pour
construire une société fraternelle libre. En face, les
Versaillais. Thiers est aux commandes d’une armée vaincue par les
Prussiens mais qui se retourne contre les siens. Sainte-Alliance des
possédant-es contre les rêves, les utopies d’une population qui se bat
pour toute l’humanité. Pas de suspense. Les massacres seront à la
hauteur des peurs de ces bourgeois-es étriqué-es. La barbarie régnera
en maîtresse exigeante.

Dans ce contexte de guerre, l’auteur place une intrigue policière :
une jeune fille a été enlevée quasiment en pleine rue. Caroline est
son nom. Infirmière bénévole, elle nous a fait entrer dans l’hôpital
de fortune dans lequel meurent tous ces soldats de circonstances,
assassinés par des tirs de canons qui sonnent le glas de toutes les
espérances.

Ces journées de mai sont les dernières de la « racaille » comme
disaient ces bourgeois-es petit-es et grand-es, assoiffé-es
d’ordre. Hervé Le Corre nous enferme dans l’ombre pour décrire la
macro barbarie et la violence individuelle du mal.

L’enquête atténue les descriptions horribles des assassinats commis
par les Versaillais et permet de suivre l’enchaînement des événements
tout en déroulant un scénario plausible. Toutes les figures de la
dépravation se sont donné rendez-vous : l’argent, le sexe – le viol de
fillettes – le goût du sang mais aussi les révolutions techniques – la
photographie notamment et… la volonté de se battre pour une société
qui, enfin, sorte du capitalisme pour que les êtres humain-es vivent
et non pas survivent. Un message qu’il ne faudrait pas oublier !

Nicolas Béniès

➢ Hervé Le Corre, Dans l’ombre du brasier, Rivages/Noir, 22,5 €