Dernière ligne droite, les 12 et 17 mai marqueront la fin des débats à l’Assemblée nationale du projet de loi El Khomry et son vote en première lecture.
Depuis deux mois, la mobilisation des lycéen-nes, étudiant-es, salarié-es, retraité-es lors des manifestations, grèves, rassemblements, nous a permis de reprendre confiance dans notre capacité d’agir sur le réel. 1,3 millions de signatures de la pétition « loi travail non merci », 1,2 millions de manifestants dans la rue le 31 mars ont forcé le gouvernement à faire bouger le curseur sans pour autant changer la logique même de la loi. Ce mouvement interprofessionnel fait du bien après des années de politiques néolibérales et appelle des suites parce que la philosophie du projet de loi, elle, n’a pas bougé. Malgré la volonté du gouvernement, de la droite, du Medef, du syndicalisme d’accompagnement de « vendre » ce projet, une grande majorité de la population rejette toujours ce projet de loi et près de 70% estime qu’il est surtout favorable aux entreprises.
Revenons sur le cœur du projet. Il n’a qu’un objectif central, c’est de faire primer les calculs économiques, les profits sur les lois et la protection des salariés. Pour cela il faut inverser la hiérarchie des normes, une entreprise pourrait alors proposer un contrat de travail comportant des droits plus restreints que ce qui est prévu par les législateurs. Il faut aussi faciliter les licenciements économiques, le recours au temps partiel, en fait faire des salarié-es une variable d’ajustement.
Cette vision ne touche pas seulement les salarié-es du privé. Elle ouvre la casse du statut particulier de la Fonction publique. Elle maintient qu’il faut à tout prix faire baisser les coûts et donc ne pas remplacer les fonctionnaires partants à la retraite, développer la précarité par la contractualisation, faire prévaloir les décisions des chefs de service sur les négociations nationales, ou plus globalement renforcer le nouveau management public.
Et ce projet de loi s’oppose fondamentalement avec notre volonté de créer une société plus juste, plus égalitaire où chacun aurait sa place. C’est le sens du syndicalisme de transformation sociale. Comment faire société en considérant une partie de la population comme une variable d’ajustement, corvéable à merci, jetable à souhait pour renforcer la part des profits qui s’envoleront dans les paradis fiscaux des panamas papers.
C’est pour cela qu’il faut continuer avec obstination à chercher à convaincre nos collègues et plus largement les agent-es de la Fonction publique, d’entrer massivement dans l’action. Le SNUipp va devoir faire preuve d’opiniâtreté et de pédagogie pour mobiliser afin de stopper la spirale libérale qui engendrerait des reculs globaux pour toutes et tous. Une victoire redonnerait du souffle et de la légitimité à l’action syndicale, il faut réussir la prochaine journée de mobilisation interpro le 17 mai.