Un soir, une mère d’élève vient voir les enseignant·es et annonce qu’elle n’a nulle part où dormir. Les hébergements d’urgence saturent et le critère enfant en bas âge ne suffit même plus à définir une priorité. Plus de place au 115 : la seule possibilité c’est une tente, dans un parc.
Comment se résigner à cela ? Si l’État n’assure plus son rôle, il faut prendre le relais. Les sentiments de colère et d’injustice poussent à une décision rapide : l’occupation de l’école. Si l’alerte a été donnée par les enseignant·es, les parents endossent la responsabilité de l’action en informant les élu·es locaux·ales.
Il faut s’organiser pour subvenir aux besoins de la famille : laver du linge, apporter à manger, accompagner dans les démarches administratives. Iels sont de plus en plus nombreux·ses, parents et enseignant·es, à se relayer et à se demander quand les pouvoirs publics vont enfin apporter une solution.
Des situations similaires surgissent et la saturation des hébergements d’urgence mène à d’autres occupations d’écoles. La préfecture estime que certaines familles n’ont rien à faire sur le territoire, niant la convention des droits de l’enfant dont la France est pourtant signataire.
L’objectif de cette solidarité, qui mêle des personnes d’horizons très différents, est que les personnes obtiennent le droit d’être logé·es, de travailler, de circuler librement.
Les migrant·es sortent de l’anonymat : iels sont des élèves, des camarades, des parents. Iels sont en situation irrégulière ? Et alors, cela n’a pas de sens ici, cela vient contrecarrer la rhétorique des politiques racistes et leurs stratégies de déshumanisation.
La lutte paraît souvent vaine face à la multiplication des situations de détresse. Pourtant, les solidarités qui se créent montrent à quel point les résistances sont possibles, multiformes et nécessaires.
Héléna Cadiet