Le Snes a décidé, en juin, d’appeler à la grève dès le 6 septembre ; la modalité et la date ont surpris – pour ne pas dire plus – les autres organisations, y compris au sein de la FSU… Lorsque le Snes, début juillet, après l’annonce de l’appel à la grève interpro du 7 septembre, a décidé du maintien de son action le 6, il a suscité de part et d’autre surprise et incompréhension. Mais le Snes a eu raison… Retour sur une action qui a – peut-être – manqué de lisibilité…
Dès le début du mois de mai, les élus EE-Snes ont défendu l’idée d’une grève de rentrée, parce que la politique libérale a fait tant de dégâts, année après année, que la situation est devenue intenable. Qu’il s’agisse des retombées budgétaires (encore 16 000 suppressions de postes en 2010), des conditions de travail (effectifs des classes, postes sur plusieurs établissements, TZR affectés hors zone et hors discipline), des conditions déplorables d’accueil des stagiaires (cf p. 20), de la mise en place éhontée des réformes contestées (accompagnement personnalisé et enseignement d’exploration en lycée, livret personnel de compétences en collège), de l’expérimentation anarchique à tort et à travers (dispositif CLAIR – p. 19 – , préfets des études, sport l’après-midi, etc.), la rentrée ne pouvait qu’être catastrophique…Puisque la rentrée ne peut pas se faire, ne la faisons pas !
**Grève le 6 septembre
La date choisie envoie un signe fort : c’est le premier jour d’accueil des élèves tous niveaux confondus, et nous pensions que l’aspect inédit de la modalité retenue nous assurerait une couverture médiatique, un coup de projecteur qui permettraient de rompre le rythme des traditionnelles grèves du 1er trimestre, de donner un tour résolument combatif à la mobilisation, enfin de lancer un appel solennel sur la gravité de la situation : ils sont en train de détruire le service public d’éducation !L’idée, d’abord rejetée, a fait son chemin dans le Snes, et les militants UA l’ont reprise courant juin dans les instances académiques. En réunion nationale, c’est un Snes en crise qui a pris cette décision, dans la douleur… L’important est alors d’acter l’action de grève, et de décider de la date, dès juin… Le Snes prend donc sa décision seul, et c’est là que le bât blesse : ce type de méthode n’engage pas un dialogue favorable avec les autres syndicats, mis devant le fait accompli, y compris au sein de la FSU.
**Et grève le 7 aussi ! Pas une reconduction, mais une cohérence…
La grève du 24 juin a surpris par son ampleur, et redonné espoir ; la décision de l’appel unitaire au 7 septembre, prise au lendemain du 24, a rompu aussi avec la résignation qui menaçait ! On pouvait à nouveau lutter… pour gagner !Dans ce contexte, un mouvement social de grande ampleur doit voir le jour, et ce mouvement ne peut reposer sur une journée isolée de 24 heures (combien de fois avons-nous dénoncé ce rythme et cette modalité ?) mais il doit au contraire se construire. C’est dans cette logique que le Snes a maintenu son appel à la grève le 6… Convaincu que le 6 ne porterait absolument pas ombrage à la réussite du 7, mais qu’il serait plutôt un moyen de mettre les collègues dans l’action, de mettre le mouvement social au cœur de la rentrée, de montrer la cohérence des mesures prises par ce gouvernement ultra libéral qui ne vise qu’à détruire les solidarités, ruiner les acquis collectifs au profit des plus riches, s’attaquer aux principes de solidarité pour y substituer les lois du marché… Convaincu que les deux dates ne s’opposaient pas, mais qu’elles se complétaient et participaient de la construction de la mobilisation, le Snes a donc appelé à la grève deux jours consécutifs, les 6 et 7 septembre !