Education – préparer les mobilisations futures

par Céline Sierra

Peut-on annoncer traiter des maux de l’école en se situant dans la continuité des politiques qui l’ont profondément détériorée ? Les annonces faites par Macron ou le ministre témoignent de la continuité de la politique éducative.

Pourtant, les conséquences sont là : les conditions dégradées de la rentrée , dont la crise de recrutement , mettront en exergue le caractère délétère d’un sous-investissement chronique mais aussi des 5 années de Blanquer.

La rupture est vitale. Et faire campagne pour montrer dans quel état est l’École est une tâche indispensable pour un SNUipp-FSU qui, après avoir été le premier opposant à Blanquer, se doit d’être le premier opposant à Macron. Il nous faut porter la critique sur les réformes à venir, qui sont le déploiement du volet managérial de la mise sous tutelle de l’École.

Car avec l’extension des CLA , le passage à « l’école du futur », les évaluations d’écoles, l’annonce du « nouveau Pacte « , ce sont le management, la contractualisation et le renforcement du pouvoir hiérarchique qui vont se conjuguer pour assujettir encore plus les pratiques enseignantes

Néanmoins il faut avoir en tête le déploiement différencié de cette politique: 1/5 des écoles seulement seront concernées par les évaluations cette année, les calendriers de mise en place de l’école du futur ne seront pas homogènes.

Ces aspects impliquent de revisiter notre répertoire d’actions syndicales. Car la rupture indispensable ne pourra se faire sans que les enseignantes et enseignants y prennent part. C’est en reconquérant le pouvoir d’agir, en récréant les collectifs de travail, en occupant les espaces de réflexion que cette rupture pourra voir le jour.

Amplifier l’effort syndical pour une plus grande prise en charge collective des controverses du métier, organiser la dispute autour du projet éducatif que nous portons, est une nécessité pour que toustes retrouvent la légitimité à définir ce que doit être le métier et des conditions pour le mener à bien.

Il nous revient donc de réinventer notre action syndicale pour faire des questions de métier un outil de reconquête du terrain. Les liens ainsi retissés redonneront confiance en l’action syndicale.

Durant les 5 années de Blanquer, des mobilisations ont été fortes mais aucune n’a pu s’inscrire dans la durée et n’a permis de gagner contre lui. Nous faisons le pari que c’est notamment car nous n’avons pu enrayer l’éloignement d’avec les personnels. Inversons la tendance et faisons maintenant le pari qu’un des ressorts de l’entrée en résistance est l’attachement à un métier au service de l’émancipation et de la lutte contre les inégalités. Offrons des espaces pour penser le métier, et ainsi favoriser les résistances locales, mais aussi l’agglutinement collectif autour de celles-ci.

Notre action syndicale doit être tournée vers la construction de ces résistances permettant des mobilisations à haut niveau de conflictualité. Sans en maitriser les rythmes ni les conditions qui en favoriseraient conjoncturellement le surgissement, nous ne pouvons nous économiser alors que l’état délabré du système scolaire, la défiance envers le ministère restent à un très haut niveau.

Positionnons le SNUipp-FSU comme premier opposant à la politique déployée. Nous devons faire feu de tout bois pour construire l’idée de rupture permettant la transformation du système éducatif dans une perspective égalitaire, écologique et émancipatrice.