- Intervention d’Isabelle Nicolas – Conseil National de la FSU-SNUIPP des 10 et 11 mai 2023 –
Le 1er mai 2023 a été exceptionnel. Exceptionnel par son cadre unitaire et par l’ampleur des défilés qui ont confirmé la permanence de la combativité de la population ainsi que le soutien de l’opinion publique. Malgré la promulgation de la loi, le mouvement n’est pas enterré et la volonté d’en obtenir le retrait est réelle. Plus globalement, c’est le rejet de la politique gouvernementale et la colère nourrie par le mépris et l’arrogance du président des riches qui mobilisent toujours massivement, renforcés par le passage en force du 49.3, les choix et interprétations partisanes du Conseil Constitutionnel, et ce malgré la répression policière qui s’abat sur les manifestant·es. Le mouvement se poursuit partout sous de multiples formes allant du déploiement de banderoles, casserolades, coupures de courant, à des comités d’accueil systématiques lors des déplacements de l’exécutif. C’est dans ce contexte, presque cinq mois après les premières manifestations que la population, parmi laquelle nos collègues , soutient majoritairement l’idée de poursuivre la mobilisation.
La prochaine date de grève et de mobilisation aura lieu le 6 juin, deux jours avant l’examen du projet de loi demandant l’abrogation de la retraite à 64 ans à l’Assemblée Nationale. D’ici là, il nous faudra occuper le terrain, entretenir et à visibiliser la contestation, exercer une pression constante : acculer l’exécutif, interpeler les député.es avant le vote, s’exprimer à toute occasion (instances, presse…), mobiliser les collègues et l’opinion publique.
Des premiers aspects positifs du mouvement déjà soulignés comme l’unité, la capacité de durer, la détermination, la participation intergénérationnelle, l’engagement répété dans les grèves notamment dans notre secteur, et une vraie adhésion à des revendications lisibles sont à considérer. Si l’objectif revendicatif reste devant nous, la victoire politique est atteignable.
Au moment où nous écrivons, les syndicats sortent renforcés du mouvement, la hausse de syndicalisation en est la preuve. Leurs capacités à mobiliser de larges pans de la société, à s’unir, à fédérer la population, à proposer des actions diverses, à peser dans les décisions sont de bonne augure pour de futures mobilisations.
L’unité a été possible parce que toutes les OS étaient contre la principale mesure des 64 ans. Mais ce vécu commun est un point d’appui pour d’autres luttes interprofessionnelles notamment sur la question salariale dans le contexte inflationniste actuel et celle de la répartition et de l’utilisation des richesses face aux défis de la crise climatique, de la précarité. Ces questions sont d’ores et déjà un autre moteur de la contestation actuelle.
A l’aune de ces constats, nos perspectives, en FSU et FSU-SNUipp, doivent être ambitieuses :
– il faut, dans l’immédiat et pour la suite, valoriser les actions, entretenir la capacité à se mobiliser et fédérer les colères en maintenant le lien avec les revendications travail et salaire. Aller jusqu’au bout du potentiel de combativité des salarié·es et de l’intersyndicale. Rester dans une tonalité combative afin de renforcer le syndicalisme de transformation sociale.
– Transformer la bonne opinion de l’action syndicale en adhésions pour construire l’outil syndical et reconquérir les droits syndicaux
– Se saisir enfin de tout ce qui fonctionne, d’un certain éveil des consciences, pour construire l’alternative politique à Macron et prouver qu’elle ne se trouve pas à droite, et encore moins à l’extrême-droite.