Edito de l’ER du 5 avril 2023
Le mouvement social contre les retraites entame son troisième mois de mobilisations. Il reste inédit dans sa durée, son dynamisme, son unité syndicale, son haut niveau de mobilisation. Le refus toujours majoritaire de la loi dans la population, le mépris gouvernemental, la possibilité de gagner permettent la pérennité du conflit avec des manifestations massives partout en France et des taux de grévistes qui restent élevés.
En parallèle aux journées d’appel à la grève, aux blocages et piquets de grève, se joue actuellement une autre partie au conseil constitutionnel. Ce dernier rendra ses conclusions le 14 avril concernant la recevabilité de la loi : validation totale ou partielle, invalidation. Cette partie finie, si la loi est validée, une autre commencera : celle du Référendum d’Initiative Partagée avec toutes les incertitudes connues comme le recueil des 4,8 millions de signatures pour forcer le parlement à examiner la loi proposée par celles et ceux qui l’ont initié.
Le gouvernement est empêtré dans cette réforme et n’envoie plus de ministres dans les médias pour ne pas donner davantage de grains à moudre aux contestataires. Sa seule réponse réelle à la contestation est la répression. Arrestations arbitraires, répression syndicale comme dans le Tarn, déluge de lacrymo, utilisation d’armes de guerre, présence massive des forces de l’ordre sont les marques d’un pouvoir aux abois. À Sainte-Soline, la réponse a été la même pour protéger un trou accaparé par les défenseurs de l’agriculture intensive qui privatisent l’eau. Il est important que le mouvement social continue d’interpeler le gouvernement et les député·es de la majorité à chaque déplacement pour qu’iels continuent d’entendre le rejet massif de leur politique.
La question de suites à la grève du 6 avril se pose. Le risque d’essoufflement est réel car la grève pèse sur les finances des travailleur·euses qui subissent dans le même temps une inflation record sur l’alimentation. Les caisses de grève ne permettent pas non plus d’amortir la totalité de ce mouvement social. Il faut donc préparer les esprits à un énorme temps fort à même de renverser la loi. Un 1er mai unitaire décliné partout en France pourrait être l’apogée de cette période commencée ce 6 avril, entrecoupée de temps forts nationaux, d’initiatives locales, de manifestations nocturnes, de blocages… À la FSU de proposer un calendrier d’actions pour faire plier le gouvernement !