Après l’empressement de la décision de la dissolution, Macron a fait le choix d’étirer le temps politique. Entre les calculs cyniques et l’espoir de faire durer les effets positifs de la « trêve olympique », il prend toujours le risque de décrédibiliser nos institutions aux yeux des citoyennes et citoyens, en faisant le choix de défendre envers et contre tous ses erreurs et le bilan de sa politique désavouée dans les urnes. A contrario des métaphores sportives qu’il affectionne en ce moment, il choisit, comme un pied de nez, le parti arrivé en queue de course pour nommer un Premier Ministre ! Ce déni démocratique interroge aussi à l’étranger, dans une époque très troublée, où la voix et la crédibilité de France se trouvent sans aucun doute affaiblies. Le pourrissement d’une situation plus que dramatique à Gaza et en Cisjordanie en est un exemple, alors que nous allons bientôt commémorer les attentats du 7 octobre.
Dans ce contexte, nous ne pouvons pas nous résigner à attendre le casting final du Prince, ni rester dans l’attentisme de l’annonce des prochaines mesures et autres renoncements déjà si nombreux depuis 2017 ; les exemples de ces renoncements sont nombreux en matière de renouvellement démocratique ou sur l’écologie par exemple. Peu importe ce casting donc, il ne fait désormais plus de doute que la continuité sera la principale boussole du prochain gouvernement, et que les concessions ne se feront qu’à la marge et peut-être davantage au profit du RN, arbitre du choix de Macron. Idem en ce qui concerne l’éducation, car on peut a minima penser que le ou la future ministre de l’EN portera encore une vision de l’école libérale, de classe et de tri à la Macron, ou pire, réactionnaire, de mise au pas des élèves et des personnels, pour faire plaisir à un électorat de droite et d’ED !
Dans tous les cas cela ne ressemblera pas à notre projet, ni à nos mandats. Par conséquent, ce CN de rentrée doit nous permettre de réfléchir à un plan d’action pour l’année scolaire 24/25, aux façons de lutter contre les idées d’extrême-droite, et de continuer à porter des formes de résistances par rapport aux mesures à l’œuvre et rejetés par la profession. C’est le cas des mesures du choc des savoirs contre lesquelles nous devons continuer d’enfoncer le clou jusqu’à leur enterrement définitif. Au-delà, il nous faudra aussi être à l’offensive en positif, pour populariser l’idée qu’une alternative pour l’éducation est possible, que l’École peut être autre chose, que ce n’est pas un outil régit par des critères de rentabilité à court terme, soumis aux règles de l’austérité budgétaire, que ce n’est pas non plus une Institution au service des intérêts patronaux.
Nous sortons du Congrès de La Rochelle avec de bons mandats qu’il nous faut donc faire vivre plus que jamais pour dénoncer les choix politiques et économiques à l’œuvre. Pour reprendre l’exemple donné par Sophie en introduction, de la situation installée de pénurie du recrutement des personnels en cette rentrée, nous pouvons aux côtés des questions d’une revalorisation nécessaire, opposer notre volonté d’un plan de titularisation massif de tous les non-titulaires les plus ancien·nes et expérimenté·es ; Et cela en dénonçant les logiques du recrutement de précaires maltraité·es, véritable cheval de Troie contre notre statut et le service public. Nous devons ainsi montrer, en positif, la cohérence de notre projet qui allie défense des personnels, défense du service public et ambition pour les élèves.
Au-delà de la communication dans laquelle le SNES-FSU, par la voix de Sophie, s’est largement affirmé l’an dernier, il nous faut ensemble questionner la façon dont nous pourrons concrètement construire des mobilisations dans la durée et pour gagner dans ce contexte particulier. Comment nous pourrons réussir le 1/10 puis rebondir dans notre champ de syndicalisation et en Interpro, face à un gouvernement qui peut potentiellement nous mener une guerre sociale.
Si l’on fait de la défense des SP au sens large notre boussole (incluant les questions de protection sociale, de justice fiscale et d’égalité femmes-hommes), cela pourra sans doute nous permettre de dépasser l’angle strictement corporatiste, de tirer une logique de continuité avec le soutien au programme du NFP et ainsi affirmer pleinement notre positionnement de syndicat de lutte et de transformation sociale aux côtés des autres OS.