Décryptage du programme Macron, volet « tout ce qui n’est pas éduc » – épisode 1

Nous débutons un feuilleton de décryptage et de déconstruction du programme Macron. Cette série sera scindée en deux volets, l’école et les mesures sociales.
Ce premier épisode du second volet liste les points saillants de ce qui attend les salarié-es du privé, les chômeur-ses et les retraité-es. Il sera complété par un tour d’horizon de ce qui attend les fonctionnaires. Par la suite chacun de ces points sera plus longuement développé. Tout prochainement, début du volet sur l’école.

Le programme de Macron ne modifiera pas les inégalités de revenus qui se creusent sous l’effet de la financiarisation de l’économie et des politiques menées ces dernières années mais il entend accroître réformes libérales et austérité budgétaire Voici un premier aperçu général des différents points de ce programme pour les salarié-es du privé, les chômeur-ses et les retraité-es.
Un prochain volet à venir très vite décryptera les mesures concernant la fonction publique (austérité renforcée pour l’État, suppressions de postes, retour du jour de carence, élargissement de l’emploi précaire…).

Épisode 1 : Ce qui attend les salarié-es du privé, les chômeur-ses et les retraité-es.

Premier projet législatif du quinquennat, via des ordonnances court-circuitant le travail parlementaire d’amendement des lois, le gouvernement entend amplifier la casse du code du travail déjà engagée par la loi El Khomri. Le plafonnement des indemnités de licenciement, retoqué dans la loi Macron, resurgit accompagné d’une extension de la remise en cause de la hiérarchie des normes, et donc au détriment d’un cadre protecteur pour les salarié-es, notamment pour ce qui concerne les conditions de travail et les salaires. Pour imposer ces accords d’entreprises moins disants socialement, les employeurs pourraient contourner la représentativité syndicale et recourir directement au referendum d’entreprise avec de fortes probabilités d’un chantage à l’emploi à la clé.

Mesure censée redonner du pouvoir d’achat aux salarié-es tout en « simplifiant » et « élargissant » les droits à assurance-chômage, la baisse à venir des cotisations salariales maladie et assurance-chômage engendrerait de fortes retombées négatives pour les chômeur-ses et les retraité-es. Cette baisse s’équilibrerait financièrement avec une hausse de la CSG de 1,7 points diminuant d’autant les pensions de tou-tes les retraité-es, à l’exception des plus modestes. L’accès à l’assurance-chômage serait ouvert aux indépendant-es et aux salarié-es démissionnaires, mais les chômeur-ses subiraient davantage de contrôles et seraient dans l’obligation d’accepter la seconde offre d’emploi qui leur serait proposée.

Plus généralement, la fin du lien entre les cotisations payées, c’est-à-dire le salaire socialisé, et le montant des prestations d’assurance chômage perçues fait planer le risque d’une prestation chômage uniforme et minimale.

Les fonctionnaires, exempté-es de cotisations salariales maladie et assurance-chômage mais soumis à la hausse de la CSG, seraient également concerné-es par cette mesure selon des modalités à déterminer.

La refonte du système actuel de retraite serait le troisième bouleversement social prévu par Macron. Mettant en avant la perte de confiance dans le régime actuel et sa complexité, et non plus son équilibre financier, le gouvernement souhaite instaurer un régime unique de retraite, dit à comptes notionnels.

Sous l’apparent bon sens de l’argumentation avancée – une plus grande transparence, une liberté de choix et une égalité de droits dépendant uniquement de la cotisation versée – se cache en réalité une dégradation programmée des pensions.

Trois arguments. Malgré des modalités de calcul différentes, la complexité actuelle garantit une certaine équité, le pourcentage du dernier (ou du meilleur) salaire que représente la pension versée est à l’identique dans le privé comme dans le public. La liberté selon Macron – partir plus tôt avec une pension moindre ou plus tard avec une pension plus importante mais avec une espérance de vie en bonne santé réduite – reste un choix libéral qui entrainerait de fortes inégalités selon les classes sociales. La référence aux meilleurs salaires (25 ans dans le privé et 6 mois dans la Fonction publique) garantit le montant des pensions contrairement à un régime par points où la valeur du point est fluctuante et incertaine.
Dans la Fonction publique où il n’existe pas de caisse de retraite, puisque salaires et pensions des fonctionnaires sont imputés sur le budget annuel de l’État, une telle réforme démantèlerait totalement le régime de retraite actuel appuyé sur le code des pensions.

Nous reviendrons par la suite plus en détail sur ces différentes propositions.