Par Arnaud Malaisé
Ce puissant mouvement social cumule un certain nombre de superlatifs, de l’historique à l’atypique en passant par un ancrage inédit. Après deux mois de mobilisations, nous nous retrouvons ainsi en capacité de gagner face à un pouvoir fébrile et totalement coupé de la population.
Nous arrivons également quelque part à la fin d’une première séquence, celle du processus parlementaire, après une acmé la semaine dernière avec la grève du 7 mars qui, si elle n’a pas totalement mis le pays à l’arrêt, a rassemblé un nombre de manifestantes et manifestants assez extraordinaire.
Le pouvoir, lui, envisage d’aller au bout du processus de dévoiement d’une procédure budgétaire, voire même de renforcer la crise démocratique patente avec l’éventualité, pas mineure du tout, d’un recours au 49.3.
D’où l’enjeu de mettre toutes nos forces dans les manifestations de mercredi, prochaine journée de grève interpro. Mais aussi d’aller plus loin.
Depuis mardi dernier, des secteurs professionnels importants reconduisent la grève à la suite d’un appel syndical national, parfois unitaire, parfois de la seule CGT. Et ces reconductions, qui contribuent à maintenir une pression quotidienne, sont bien évidemment complémentaires du calendrier de mobilisation interpro, ce que posent clairement les deux derniers appels de l’intersyndicale où elle, je cite, « soutient et encourage tous les secteurs professionnels à poursuivre et amplifier le mouvement ».
De notre côté, la FSU, nous avons notamment une responsabilité particulière dans notre implantation principale, l’éducation. Mais jusqu’ici, et encore au BDFN de mercredi dernier, nous ne partageons pas toutes et tous la nécessité d’un appel clair à reconduire la grève, même sur une seule journée au lendemain d’un temps fort interpro.
Certes, ce n’est pas l’éducation qui mettra à elle toute seule le pays à l’arrêt mais elle peut contribuer au côté des autres secteurs à peser fortement. Ne négligeons pas son pouvoir symbolique comme sa fonction indispensable d’accueil des enfants dans le primaire, pas plus que son rôle d’entraînement et sa capacité de blocage de l’économie par ricochet.
Pourtant, même un peu tardivement aujourd’hui, appeler à la grève jeudi dans les différents secteurs professionnels du champ de la FSU, dont bien sûr l’éducation, contribuera à maintenir la pression sociale. Le foisonnement d’appels locaux à géométrie variable dans les départements, du SNUipp, du Snes, de la FSU ou intersyndicaux, que l’on voit poindre depuis ce week-end est à la fois un signal et un appui certain.
Sans oublier l’enjeu d’avoir tout donné en actionnant l’ensemble des leviers syndicaux dont on dispose, parce qu’ils sont nécessaires et légitimes. Ne pas décevoir la frange la plus impliquée de nos militantes et militants est également important. En particulier dans le final de cette séquence parlementaire. C’est souvent la fin d’une séquence que l’on retient, malheureusement…
Et tout cela en s’appuyant sur le double ressort du déni démocratique et du déni social de ce pouvoir.
Conclure la séquence après la grève interpro de mercredi par une journée de grève éduc jeudi au côté d’autres secteurs toujours mobilisés, une journée qui se finirait par un envahissement des places publiques le soir, ça nous positionnerait autrement !
De quoi se lancer, avec le signal d’une dynamique et non pas une impression de renoncement, vers la séquence suivante. Une fois la loi votée, ou pas, par l’Assemblée, ou résultant, ou pas, d’un recours au 49.3 et dans ce cas avec une motion de censure adoptée, ou pas.
Une séquence à anticiper où il faudra conjuguer d’autres modalités d’action comme l’occupation des places ou la consultation de la population avec celles qui font leur preuve depuis deux mois, la grève et les manifestations.