Par Véronique Ponvert
Ça fait des semaines qu’on cherche ensemble une stratégie syndicale pour gagner la bataille des retraites : et pour l’instant, c’est un sans fautes ! Une IS unie, qui donne le tempo, qui est capable de mettre des millions de gens dans les rues, à 7 reprises, en mobilisation quasi continue sur près de deux mois ! La dernière grève du 7 mars dernier a été puissante, et une fois de plus, les salarié·es ont répondu présent·es à l’appel de l’IS !
Pour l’instant, nous n’avons pas gagné. Pour l’instant ! Mais pour l’instant aussi, les salarié·es restent déterminé·s et tjs aussi opposé·s à cette réforme ! Donc il est clair que le syndicalisme a encore une carte à jouer.
Ça fait longtemps que nous n’avions pas été aussi près d’une victoire, et nous devons mettre toutes nos forces dans les jours à venir ! Mercredi et jeudi, il faut être massivement en grève, c’est une nécessité.
Pour autant, on entre bientôt dans une nouvelle séquence. Après jeudi, loi votée ou 49.3, les choses vont se profiler un peu différement : l’opposition de la population va rester forte (et sans doute même qu’elle sera exacerbée par la colère), mais pas sûre qu’elle s’exprime selon les mêmes modalités. Il nous semble que dans ce CDFN, nous devons aborder cette nouvelle séquence de façon sérieuse, et en travaillant la stratégie syndicale : il faut qu’on arrive à se projeter dans les semaines à venir, pour construire une mobilisation sur la durée, et réfléchir à des modalités adaptées à cette séquence.
Je dis qu’il faut y réfléchir avec sérieux parce que c’est clair qu’on sort un peu de notre zone de confort. Pour les orgas syndicales, appeler à la grève et aux manifs, on sait faire et on l’a prouvé ; mais s’inscrire dans l’élaboration d’autres modes d’action (qui ne disqualifient pas la grève et la manif évidememment, mais qui les complètent), ces autres modalités sont moins évidentes pour nous. Pourtant, que ferons-nous si nous n’avons pas gagné à la fin de la semaine, alors que la séquence du débat parlementaire se termine ? Nous occuperons les places, dès jeudi soir ? Oui, c’est une très bonne idée : occuper l’espace public, avec ce que ça comporte de poids politique, c’est très bien. Mais sur ce sujet, allons plus loin : combien de temps appellerons-nous au rassemblement ? 1h ? 2h ? Appellerons-nous tous les jours ? Ou tous les jeudis ? Que ferons-nous, une fois rassemblé·es ? Qui organisera l’occupation des places ? L’IS ? Ou comptons-nous sur une sorte de spontanéité de la population ? Vous le voyez, il faut qu’on anticipe, qu’on s’empare des propositions et qu’on élabore des réponses précises.
Même chose sur d’autres actions possibles : une fois la loi adoptée, nous restons déterrminé·es et mobilisés, c’est clair. Alors proposons de construire une manif nationale à Paris : ce ne sera pas un baroud d’honneur si c’est dans un plan d’actions, si c’est articulé à une occupation régulière des places, ponctué par des grèves et manifs à des moments clés (par exemple, le jour du passage en conseil constitutionnel).
Réunissons aussi les conditions du référendum d’initiative populaire, travaillons à ce type d’action en lien avec les forces politiques de gauche : multiplions les actions, ne laissons aucun espace de contestation nous échapper, faisons feu de tout bois…
Nous entrons dans une nouvelle séquence et il faut être inventif·ves pour continuer la lutte sur un terrain auquel on est moins habitué. Oui, c’est un défi pour le syndicalisme, c’est pour ça qu’il faut qu’on en parle dans ce CDFN : il y a un énorme enjeu à ne pas laisser un mouvement social aussi puisssant se solder par un arrêt brutal. Les salarié·es ont témoigné une confiance sans failles en l’action syndicale depuis le début, le syndicalisme doit donc poursuivre le combat, et la FSU peut être une véritable force de propositions pour les semaines à venir.