Par Romain Gentner (BN, Grenoble)
La casse sociale menée par le pouvoir macroniste fait le lit du RN en l’absence d’une alternative crédible de gauche. En cas de second tour des élections présidentielles entre un·e candidat·e macroniste et un·e d’extrême droite, il n’est plus dit que celle-ci n’accède pas au pouvoir. La lutte contre l’extrême droite est inhérente à notre activité et à nos luttes pour les droits sociaux et humains. C’est la condition de notre existence et de notre capacité à lutter.
C’est d’autant plus une raison de lutter dès à présent contre les interdictions de manifester et les dissolutions de mouvements de résistance comme c’est indiqué dans le texte. Mais il s’agit de préciser de quels groupements on parle, car on n’est pas forcément opposé·es à la dissolution des groupuscules néonazis qui ont défilé dans les rues de Paris récemment et qui commettent des agressions racistes ou contre des militant-es de gauche. Par contre, l’enjeu des jours qui viennent est de faire échec à G. Darmanin dans son projet de dissoudre le collectif des Soulèvements de la terre. Plus de 18 personnes ont été arrêtées hier matin et placées en GAV suite à la mobilisation de ce week-end contre la ligne ferroviaire Lyon-Turin. Quoi qu’on pense du projet inutile et imposé d’un creusement d’un tunnel de 58km, des 30 milliards d’€ engagés, des 30 ans de travaux, du drainage de 60 à 125 millions de m3 d’eau annuellement soit l’équivalent de l’eau potable de la ville de Lyon, du tarissement de l’accès à l’eau pour de nombreux villages et d’artificialiser 1 000 hectares de terres agricoles pour construire une ligne alors qu’une autre sous-utilisée existe déjà ; on doit se battre pour qu’une opposition puisse s’exprimer ; tout comme le font les collectifs des maires de droite favorables au projet. Une pétition sur change.org circule, elle mérite d’être popularisée.
Autre combat à mener, celle d’un accueil digne des migrant·es. La FSU a publié hier un communiqué à l’occasion de la journée mondiale des réfugié·es. Nous pouvons compléter notre texte en dénonçant la tragédie qui s’est déroulée le 14 juin à proximité des côtes grecques, le plus meurtrier depuis 2015 si l’on tient compte des 500 personnes disparues en plus de la centaine de mort·es avérée. Nous en sommes déjà à 1 039 mort·es et disparu·es depuis le début de l’année soit une explosion des drames par rapport à ces 5 dernières années.
Nous devons également dénoncer les violences policières d’hier soir à l’encontre des centaines de jeunes réfugié-es qui occupaient la place du Palais royal et revendiquer avec l’association Utopia 56 une mise à l’abri immédiate.
Lutter contre l’extrême droite, c’est aussi lutter contre le racisme, qui est au cœur de son moteur. Croire qu’on peut gagner l’hégémonie politique en mettant sous le tapis les oppressions sexistes, LGBT-phobes ou racistes est une erreur car les électeur·rices racistes ne s’y trompent pas, ils et elles préfèrent voter pour l’original plutôt que pour de pâles copies ; Manuel Valls en a fait les frais.
Nous devons donc dénoncer toutes les instrumentalisations de faits très minoritaires pour dérouler un récit islamophobe comme l’a fait Estrosi avec les prières d’enfants à l’école et sur lequel Pap Ndiaye a surenchéri. Quand moins de 20 élèves de moins de 10 ans prient dans moins de 10 établissements, ce n’est pas une « affaire » ni une « atteinte grave portée à la laïcité » si elle n’est pas utilisée à des fins islamophobes. Le dialogue avec les élèves et leurs familles est au cœur de nos pratiques professionnelles. L’absence de la FSU à la conférence de la FCPE, de la CGT et de Sud est problématique. Pap Ndiaye s’est empressé de réagir, mais il n’a par contre fait aucune annonce contraignante sur la mixité sociale concernant l’école privée, financée à 73% par l’État. C’est ce « séparatisme » d’une menace islamiste fantasmée, écran organisé avec la connivence de notre ministre qui hurle au loup avec l’extrême-droite, qu’il faut combattre pour avoir un discours cohérent.