Par Damien Besnard (BN, Créteil)
Notre contribution au débat propose, comme certains S3 l’on fait, de dresser un premier bilan de la mobilisation contre la réforme des retraites. Nous n’avons pas de divergences fondamentales par rapport aux éléments présents dans le texte présenté par le secrétariat général, mais nous avons choisi de souligner certains paradoxes d’une mobilisation à la fois historique et atypique et qui semble être une victoire à la Pyrrhus pour le gouvernement.
Il faudra ainsi que nous arrivions à analyser pourquoi la grève comme moyen d’action n’a pas pu être généralisée afin de mettre le pays à l’arrêt après le 7 mars. Nous devrons aussi nous demander si les attaques néolibérales successives contre le salariat, et les mutations comme l’atomisation de ce dernier, n’expliquent pas, par exemple, que la grève comme moyen d’action, ait éventuellement pu perdre de son sens auprès de certains secteurs du privé, voire auprès de certaines salles des profs – soulignons malgré tout que les enseignant·es ont répondu largement et majoritairement présent·es lors des grandes journées nationales d’action proposées par l’Intersyndicale. Nous remarquons aussi que ce mouvement d’ampleur n’a pas été de nature à faire émerger de nouvelles figures ou élans militants, comme cela est très souvent le cas lors de grèves historiques.
A travers les autres paragraphes de notre texte, nous partageons l’idée et l’analyse que le projet macroniste frappe encore par la cohérence des attaques à la fois ultra-libérales et autoritaires qui sont orchestrées sur tous les fronts. Les perquisitions auprès des militant·es des Soulèvements de la Terre, avant l’annonce probable de leur dissolution aujourd’hui, sont un des exemples qui nous imposent une vigilance toute particulière face aux risques qui pèsent sur notre démocratie, confisquée par les nouveaux technocrates de nos institutions et de la Constitution de la Ve République.
Malgré les écueils de cette mobilisation et les risques à venir, nous faisons le pari d’un optimisme militant face à la réalité d’un système capitaliste en crise, qui ouvrira forcément de nouveaux cycles de protestations et de mobilisations. Reste à savoir dans quelle mesure nous saurons nous en saisir :
– Comment diversifier nos moyens d’actions pour y parvenir ?
– Comment convaincre au-delà de nos rangs et des cercles militants habituels ?
– Comment au-delà des simples questions de syndicalisation, pourrons-nous renouveler nos forces militantes pour les prochains combats à mener ?
C’est en partie le sens de notre proposition d’action pour la rentrée 2023. Ainsi, au-delà de la traditionnelle grève de rentrée, nous proposons une sorte de « compte à rebours » de rentrée, en parallèle ou en négatif des « 100 jours de Macron ». Il s’agirait de développer un plan de communication qui vise à discréditer toute la « novlangue » du gouvernement et du MEN sur toutes leurs annonces, en montrant point par point, épisode par épisode et au-delà de la seule semaine de rentrée, que la réalité des mesures de rentrée constitue bien une casse de l’Éducation, de la qualité de la formation, une privatisation des services publics et de la fonction publique, la fin de nos statuts, contre l’intérêt général. Pour nous, une grève « one shot », dès la première semaine de rentrée, semble compliquée à construire et à réussir majoritairement. Mais si dès la prérentrée, nous disposons de matériel à distribuer aux collègues sur la question salariale, en lien notamment avec le PACTE, nous serions à même de lancer une campagne type « compte à rebours » avant une première journée de grève au retour des vacances de Toussaint, par exemple. Chaque semaine du matériel pourrait être diffusé dans les établissements avec le décompte des jours d’ici à la rentrée des vacances de Toussaint et des argumentaires permettant, à partir de la question des rémunérations, de tirer tous les fils de la dégradation des conditions de travail des personnels, qui font aussi les conditions d’études des élèves. Notre objectif doit être de construire une première grève majoritaire et soutenue par les usager·ères, avec en ligne de mire le vote du budget 2024. Bref, un plan d’action qui permette à la fois de maintenir l’attention médiatique et celle de nos collègues, alors que le quotidien risque, comme tous les ans, de vite nous rattraper.