Dans l’action face au rouleau-compresseur néolibéral et à l’extrême droite !

Intervention de Marie Haye (École Émancipée) dans le débat général


La période est si difficile que la sidération qu’elle inspire est devenue un lieu commun. Montée des extrêmes droites, volonté de backlash écologique, escalades militaires, jusqu’au génocide qui se déroule sous nos yeux. La situation internationale se réfracte en France, où le pouvoir instrumentalise le déficit public pour poursuivre ses objectifs d’affaiblissement des droits collectifs et d’appauvrissement de la population.

Mais ce déficit, qui l’a creusé ? C’est la politique anti-sociale de la macronie, la fameuse politique de l’offre défendue par Macron hier soir encore : les ultra-riches sont les grands gagnants d’une injustice fiscale qui leur aura permis d’engranger, sur le dos de la société, plus de 300 milliards en seulement cinq ans. Ces mêmes ultra-riches dont 10 % sont aussi, à l’échelle mondiale, responsables de la majorité des vagues de sécheresse.

Pour accompagner cette politique, le pouvoir use de répression : administrative et policière, contre les migrant·es ; judiciaire, contre la jeunesse des milieux populaires avec la loi Attal ; politique, avec la dissolution annoncée d’associations antifascistes ou pro-palestiniennes.

Cette avalanche d’attaques et de régressions constitue autant de raisons de mobiliser avec constance et détermination, car l’extrême droite se prépare à récolter les fruits du rouleau-compresseur néolibéral avec lequel elle partage le culte d’un ordre inégalitaire, fondé sur les dominations et la violence.

Après un 1er mai réussi et un 13 mai en demi-teinte, en l’absence d’appel clair à la grève comme le 3 avril, mais aussi en l’absence d’une revendication fédératrice, contrairement au 5 décembre dernier ou durant la mobilisation retraites, le 5 juin est la prochaine date annoncée. Elle s’articule logiquement avec les précédentes, mais s’annonce difficile : pour l’heure, seule la CGT, qui en est à l’initiative, y appelle, Solidaires ayant annoncé qu’elle n’en serait pas. Ce n’est pas la première date annoncée d’en haut par la CGT. Cette méthode ne convient pas, et il faudra à l’avenir plus de travail commun, à trois a minima, pour construire les mobilisations.

Quoiqu’il en soit, le 5 juin est là, et la CGT n’a pas choisi cette date au hasard : c’est le jour du vote d’une résolution contre la retraite à 64 ans à l’Assemblée, celui aussi où le rapport du COR sur les droits familiaux sera rendu, le tout alors que la fin du vrai-faux conclave de Bayrou approche.

Ne craignons pas que la mobilisation du 5 juin soit perçue comme partisane :il est notoire que la FSU a toujours été opposée aux 64 ans. Elle n’a pas attendu une niche parlementaire pour le dire.Le 5 juin est l’occasion de montrer au monde du travail que la FSU ne lâche rien sur ce dossier. Dans un moment aussi symbolique, l’enjeu est bien d’être présent·es dans la rue avec nos collègues, surtout quand les enquêtes d’opinion, comme celle de l’IFOP tout récemment, montrent que la réforme est toujours massivement rejetée.

Et puis, l’action syndicale n’est-elle pas en partie déterminée par le rapport au politique ? Qu’avons-nous fait d’autre que nous en servir lorsque nous avons mobilisé contre la réforme des retraites tout au long du débat parlementaire ? Quand nous en tenons compte aujourd’hui encore pour mener une campagne intersyndicale pour la titularisation des AESH ?

La FSU doit appeler au 5 juin. Mais elle doit aussi penser les suites. Pas de date en date : cette stratégie a ses limites. Pour redynamiser les luttes, il faut tracer des perspectives à plus long terme. Les difficultés du 5 juin nous donnent l’opportunité d’une réflexion stratégique, qui doit justement passer par le rapport de l’action syndicale au politique. Non pas pour s’y inféoder, mais pour penser les campagnes à mener, le travail de mobilisation nécessaire sur le terrain et l’agenda syndical, avec le budget 2026 en ligne de mire. Non, les agent·es, les usager·es, l’écologie ou les plus pauvres ne sont pas responsables du déficit. Sans attendre l’automne, popularisons nos alternatives, travaillons plus étroitement avec nos partenaires, soyons à l’initiative dans l’intersyndicale !

C’est à un affrontement résolu avec le pouvoir qu’il faut se préparer, et à la construction de cet affrontement qu’il faut s’atteler dès maintenant. Un pouvoir fragilisé, avec un président qui tente de reprendre pieds en se servant de la situation internationale ou des rythmes scolaires, avec un gouvernement sans légitimité électorale et dont la côte de confiance est la plus faible jamais enregistrée. Un gouvernement, aussi, dont l’action est entachée de scandales et de fautes politiques : mensonges de Bayrou dans l’affaire Bétharram pour protéger l’école privée, dérive extrême-droitière de Retailleau qui protège le défilé parisien des nervis fascistes, après avoir eu l’indignation sélective face aux drames récents… Ne ratons pas une occasion d’enfoncer le clou, en montrant que le pouvoir n’est pas du côté du monde du travail, qu’il n’est pas pas du côté des libertés, pas du côté de l’égalité, mais leur ennemi ! Mobilisons contre sa politique illégitime et irresponsable, qui fait le lit de l’extrême droite !