ECOLE EMANCIPEE
Contribution CDNE 24-25 septembre 2009
QUELLE STRATEGIE SYNDICALE ?
Malgré la démonstration récente et durable des effets catastrophiques du capitalisme, le gouvernement poursuit une politique néo-libérale qui a pour conséquence de creuser les inégalités, en aggravant le chômage, en développant la précarité et en cassant les solidarités, notamment à travers le démantèlement des services publics. Les choix qui sont faits relèvent d’une véritable politique au service de la classe dominantes comme en témoignent encore les avantages fiscaux et les aides offertes aux patrons aux actionnaires ou aux banquiers.
Deux mesures récentes sont emblématiques du dogmatisme inhumain qui guide cette politique: la soumission à l’impôt des indemnités pour accident du travail au moment où les suicides se succèdent à France Télécom à cause des conditions stressantes de travail;
La proposition, dans la nouvelle loi sur l’enseignement professionnel en discussion, de sous-traiter aux associations et organismes de formation relevant du privé, le traitement les élèves « décrocheurs » dés quinze ans, remettant ainsi en cause la scolarisation obligatoire jusqu’à 16 ans.
L’UNITE SYNDICALE SOUHAITEE
Face à ce flot continu de mesures, les résistances existent, mais restent trop isolées. Nous savons tous que ce gouvernement ne cédera sur l’essentiel, que devant un mouvement unitaire prolongé, de grande ampleur, pouvant aller jusqu’à une grève générale.
Est ce cette perspective que dessine, l’idée de « stratégie dans la durée » terme souvent employés dans les motions actions du SNEP ?
Quant à la FSU dans sa motion action du dernier CDFN, elle appelle à « mettre en débat une stratégie qui s’inscrive dans la durée et étudier les formes d’actions les plus adaptées pour faire reculer le gouvernement et imposer des alternatives »
Les actions de l’année dernière, trop étiolées et trop éloignées, sans stratégies lisibles ni cohérence n’ont pas permis la montée en puissance du rapport de force indispensable pour arrêter ce gouvernement de combat.
Pourtant les mobilisations monstres dans l’éducation le 20 novembre, interprofessionnelles et unitaires les 29 janvier et 24 mars, mais aussi les luttes exemplaires aux Antilles, ou des CONTI et des MOLEX, les nombreux mouvements de résistance et de désobéissance dans l’éducation, malgré l’escalade dans les sanctions et la pénalisation, démontre que l’exigence de justice sociale et d’égalité restent grande. Celles de services publics de qualité tout autant. Nous avons pu mesurer que l’unité était incontournable, mais que sans la détermination des organisations syndicales, elle était insuffisante.
La récente enquête commandée par la FSU indiquent deux priorités dans l’attente des salariés vis à vis des syndicats :
la proximité entre syndicats et salariés et l’unité syndicale. Dans le même temps 55% des employés et salariés (publics et privés) souhaitent une opposition plus marqué au gouvernement. Ces réponses corroborent notre analyse.
L’unité en soi n’est donc pas suffisante si elle ne permet pas de construire un rapport de force capable de faire céder ce gouvernement.
LES REVENDICATIONS UNIFIANTES
Pour augmenter le pourcentage des salariés qui s’engagent dans l’action à l’automne, il nous faut mieux définir les revendications communes( 26% des salariés se déclarent prêts à s’engager à nouveau dans une action et 10% ont déclaré avoir fait grève en 2008-2009).
Le salaire et l’emploi citées comme revendications prioritaires, dans la même enquête, doivent être mise en avant et précisées dans les prochaines plates formes syndicales.
Elles ont d’ailleurs été reprises dans la motion du CDFN de la FSU du 22-23 septembre.
A nous tous de faire converger le « mal être » des enseignants d’EPS, autour de ces revendications jugées prioritaires par l’ensemble des salariés.
Ce que nous vivons, la précarité, les atteintes au statut, les conditions de travail, la dilution de nos missions, s’inscrivent dans ces deux grands axes revendicatifs.
UNE STRATEGIE POUR GAGNER
Nous estimons que la stratégie de « négociation au sommet » du SNEP a prêté le flanc à une communication utilisée par le gouvernement sur le « dialogue social réussi », et n’a pas permis la construction d’un mouvement convergent avec les luttes des personnels du supérieur. L’enjeu était en effet d’élargir cette mobilisation à l’ensemble des personnels de la maternelle à l’université. Face à un tel interlocuteur, penser que le SNEP par sa seule force et représentativité va obtenir des résultats relève dans le meilleur des cas d’une grande naïveté.
De façon récurrente, les propositions d’actions fortes faites par l’Ecole Emancipée
lors des CDN du SNEP sont rejetées alors qu’elles sont votées peu de temps après au CDFN de la FSU. Ce fut encore le cas lors du dernier CDFN pour le vote d’une journée d’action et de grève interprofessionnelle.
Une orientation syndicale centrée sur la revalorisation des seuls enseignants du second degré ne permet pas de construire l’unité et a abouti à la cacophonie corporatiste de l’expression des syndicats de la FSU lors des votes au CTPM sur les statuts des enseignants (décrets parus).
A lire l’ordre du jour du CDNE, il faudrait recentrer notre intervention sur le métier; fort bien! Mais dans quelles perspectives ? pour perpétuer cette stratégie, pour entretenir le feu syndical en attendant qu’une alternative politique émerge enfin ?
La construction des mouvements sociaux, dans laquelle les syndicats ont toute leur place, reste le meilleur moyen de créer un rapport de force suffisant pour gagner. C’est dans ce cadre aussi que se développent le mieux les débats sur les alternatives et les moyens de les faire avancer.