L’État d’urgence et son corollaire de perquisitions nocturnes, d’assignations à résidence, d’interdictions de manifestations… a montré une efficacité assez exceptionnelle pour restreindre les libertés et renforcer l’arbitraire administratif et une inefficacité manifeste pour lutter contre le terrorisme.
Après une première prolongation qui court jusqu’au 26 février, le gouvernement envisage soit de recourir à des ordonnances pour introduire dans la justice ordinaire une partie de ces mesures exceptionnelles et liberticides, soit de le prolonger à nouveau.
Dès le 3 février, le parlement sera saisi de la réforme constitutionnelle qui déboucherait de fait sur un état d’exception permanent et permettrait de déchoir de leur nationalité les personnes condamnées pour terrorisme. Stigmatisation des bi-nationaux avec remise en cause du droit du sol ou création d’apatrides revient à choisir entre la peste et le choléra. Et déjà la droite et l’extrême-droite, dont est historiquement issue cette proposition, surenchérissent en exigeant un élargissement des motifs de déchéance.
Face à cela la réaction du mouvement social s’organise. Le cadre le plus large est celui autour de la LDH qui rassemble Mrap, Gisti, Cimade mais aussi CGT, Solidaire, Unef, Syndicat des Avocats de France, Syndicat de la magistrature, Resf ou Ligue de l’enseignement. La FSU a signé le premier appel issu de ce cadre. Depuis, un second appel demandant notamment la levée de l’État d’urgence et une pétition s’opposant à la réforme constitutionnelle n’ont pas été signés par la FSU. Et il est dorénavant question d’organiser une initiative de rue au début du débat parlementaire.
La place du SNUipp et de la FSU est bien évidemment au sein de ce cadre très large pour s’opposer à toutes ces mesures liberticides, exiger la levée immédiate de l’état d’urgence et le retour à un régime démocratique respectueux de l’équilibre des pouvoirs, des libertés individuelles, collectives et syndicales.
En parallèle, le SNUipp doit engager une campagne de conviction auprès de la profession.
Grève FP du 26 janvier, ben où elle est la FSU ?
Malgré la volonté d’une grande majorité des sections départementales du SNUipp, un second degré mobilisé sur la réforme du collège, un vote indicatif du BDFN demandé par l’EE approchant la barre des 70%, la FSU n’a pas appelé à la journée de grève Fonction publique sur les salaires du 26 janvier.
A cette heure plus d’une cinquantaine de sections départementales FSU appellent, ainsi que les principaux syndicats nationaux (SNUipp, Snesup, Snuter, Snuep, Snpes-PJJ…) auxquels il faut ajouter les syndicats du second degré qui lient revendications sur collège et salaires (Snes et Snep). Et pourtant la FSU se contente toujours d’un « soutien » à cette journée…
La FSU apparait en lévitation au sein d’un champ syndical éclaté et affaibli.
Afin de jouer à nouveau un rôle de trait d’union dans le champ syndical, la FSU doit retrouver une ligne syndicale claire et combative rattachée au pôle du syndicalisme dit de « transformation sociale ». Cela sans clivages artificiels avec l’autre pôle, celui d’accompagnement, mais sans réfuter non plus l’évidente réalité d’un syndicalisme français partagé en deux grandes orientations.
C’est la condition pour que notre fédération pèse sur la réalité du champ syndical et puisse contribuer à son unité lorsque c’est nécessaire (et possible) et œuvre en parallèle à la réunification du syndicalisme de transformation sociale.
C’est un des enjeux du congrès du Mans pour lequel le SNUipp doit prendre toute sa place.