Le mouvement sur les retraites révèle un profond mécontentement dans le pays à l’endroit de la politique sociale du gouvernement ; il renvoie à la question du partage des richesses, à l’heure où les effets de la crise se font de plus en plus sentir en terme de chômage et de paupérisation des classes moyennes et populaires, et où il est de plus en plus évident que ce sont les salariés qui vont payer la facture. Le dossier des retraites est emblématique de cette injustice. C’est sans doute ce qui explique l’ampleur, la détermination et aussi le caractère interprofessionnel dans l’animation duquel la FSU a pris toute sa place : pour la première fois depuis longtemps, tous les secteurs se sont retrouvés dans l’action ensemble sur des mots d’ordre communs autour du triptyque « emploi/salaires/retraite». Cette force et cette convergence des luttes sont des acquis précieux qu’il faut continuer à faire vivre.
C’est pourquoi, le SNES avec la FSU continuera à être présent sur les actions décidées au niveau interprofessionnel aussi bien au plan national que dans les départements, pour contester la politique du gouvernement sur tous ces dossiers. Sur les retraites, la loi, même votée, demeure injuste et inacceptable, et le passage en force lui-même lui ôte toute légitimité démocratique. Nous devons continuer à exiger sa non promulgation, puis le cas échéant son abrogation, comme nous réclamons l’abrogation des lois Balladur et Fillon de 1993 et 2003.
La lutte pour la protection sociale devra se poursuivre sur le dossier de l’assurance maladie qui va de nouveau être sur l’étal du boucher gouvernemental dans les prochaines semaines, pour un nouveau désossage. La lutte pour l’emploi devra se porter dans la fonction publique sur la question budgétaire avec un nouveau plan social annoncé de 33 000 suppressions d’emplois au budget 2011, dont la moitié dans l’Education Nationale. Nous aurons à cœur d’articuler la défense de l’emploi public avec celle des services publics eux-mêmes.
Sur la question Education des dossiers importants sont devant nous :
1. Le dispositif CLAIR : la déréglementation expérimentée dans les établissements CLAIR va sans nul doute être élargie. Cela représente ni plus ni moins la mise à mort du service public d’éducation : déréglementation pédagogique, caporalisation des personnels recrutés par le chef d’établissement sur la base de l’acceptation du projet d’établissement… donc fin du mouvement, et fin de l’indépendance pédagogique des collègues. Le snes doit faire une grande campagne de sensibilisation des collègues sur les dangers de ce dispositif et mettre tout en oeuvre pour qu’il soit mis en échec. Les liens doivent être faits dans le cadre de la FSU avec les collègues du Snuipp car le dispositif est élargi aux écoles dans le cadre d’ECLAIR.
2. Rythmes scolaires : nous ne sommes pas dupes de l’intérêt que le gouvernement aurait à changer les rythmes à l’heure de compression de moyens dans l’éducation : alléger les semaines de l’élève en supprimant des heures de cours est un levier puissant de suppression de postes au détriment des enseignements offerts aux élèves. Idem pour l’augmentation du nombre de semaines annuelles qui permettrait d’augmenter la charge de travail des personnels. La capacité des élèves à étudier et réussir, dépend des rythmes sans doute, mais aussi de nombreux autres paramètres que la politique éducative a systémiquement dégradée ces dernières années : augmentation des effectifs par classe, suppression des heures en groupe réduit, durée de transport notamment dans les zones rurales, des programmes démesurés qui imposent des rythmes en classe trop soutenus etc… Il nous semble que l’urgence serait de remettre sur la table toutes ses questions.
3. Les livrets de compétences au collège :
Ce nouvel outil qui devait rester expérimental jusqu’en 2012 a été pourtant rendu obligatoire pour l’obtention du DNB 2011 sans aucune consultation de la communauté éducative, ni cadrage national, ni même bilan officiel des expérimentations menées jusqu’ici.
Le Snes a déjà démontré son caractère incohérent et inutilisable. Il est en outre dangereux et menace à terme l’objectif même d’acquisition de connaissances disciplinaires par les élèves.
La CA académique appelle la CA nationale à énoncer un mandat national dont les collègues puissent s’emparer collectivement dans les établissements pour faire barrage à ce dispositif. Un appel à refuser collectivement de remplir semble le plus lisible et le plus adapté.
4. La réforme du lycée général et technologique : les effets néfastes de cette réforme se font déjà sentir avec son application en seconde :
– diminution des horaires disciplinaires
– mise en concurrence des disciplines
– impossibilité de mettre en place un véritable accompagnement personnalisé
– offre de formation différente suivant les établissements… etc.
L’an prochain, la mise en place des troncs communs en classe de première et la réforme des enseignements technologiques seront l’occasion de supprimer encore de nouveaux postes.
A terme, on peut aussi s’inquiéter sur l’avenir du baccalauréat et d’une éducation véritablement nationale.
5. Formation des personnels : nous ne répéterons pas nos arguments face à cette mise à sac en cours, et nous ne pouvons que souligner le désastre pédagogique, mais aussi humain, occasionné par la suppression des IUFM. Des très nombreux collègues stagiaires sont aujourd’hui seuls, dans une grande détresse, incapables d’assurer le métier pour lequel ils ont été recrutés, et ce sont en outre, comme toujours, les élèves qui vont aux aussi payer les pots cassés de cette « réforme » scandaleuse.
De plus, le financement de la pseudo formation des stagiaires est assuré au détriment de la formation continue.