Le joli mois de mars…
Atonie du mouvement syndical, marasme du mouvement social, résignation… Ce sont des mots que nous avons beaucoup employés, des constats que nous avons déplorés, il n’y a pas si longtemps encore. Pourtant, les attaques que subissent les salarié-es ne datent pas d’hier.
Mais le projet El Khomri est l’agression de trop pour la population, pour celles et ceux qui ont un emploi comme pour les autres, chômeurs-ses, jeunes, retraité-es. Une agression dont la violence étonne d’abord, rassemble ensuite, soulève enfin…
Nous avons aussi constaté la montée des idées d’extrême droite et du FN ces derniers mois ; et s’il est toujours bien vivant, il n’empêche qu’en ce début de mouvement social, il n’est ni présent ni audible. Une raison de plus, s’il en faut, pour continuer !
La loi El Khomri est un concentré de politique anti-sociale : elle incarne une politique libérale tournée vers l’intérêt des patrons, au mépris des privé-es d’emploi, au détriment des salarié-es.
Pas étonnant qu’elle cristallise à ce titre toutes les colères, les rancœurs, les exaspérations accumulées depuis 2012 à l’encontre de ce gouvernement.
Pas étonnant non plus qu’elle soulève l’indignation car elle renferme en son sein de quoi exploser les droits collectifs protecteurs au profit d’un rapport de force local défavorable aux salarié-es : le pot de fer contre le pot de terre ! De multiples dispositifs contenus dans le projet sont dangereux, mais c’est la philosophie même de la loi qu’il faut combattre, car elle vise à renforcer la domination des patrons sur les salarié-es, dont la subordination est encore accentuée par un contexte économique de précarité et de chômage de masse.
Le gouvernement défend un projet cher au Medef : il avance à coups de mensonges et présente comme un remède au chômage le fait de faciliter les licenciements et de réduire les droits des salarié-es.
La population n’est pas dupe, les nouvelles formes de mobilisation sur internet, la participation très conséquente aux actions de rue le 9 mars en sont la preuve. La marge de progression est encore grande pour gagner, mais la lutte est bien enclenchée : la jeunesse est engagée dans l’action, ce qui est un atout. Elle avance une nouvelle date de mobilisation le 17. D’autres actions sont prévues d’ici le 31. Les forces syndicales déterminées pour l’action ne désarment pas.
La position de la FSU qui exige le retrait de ce texte est juste, elle contribue à faire grandir l’opposition au projet dans les têtes de nos collègues.
Il faut poursuivre les explications, montrer comment l’affaiblissement du code du travail impactera très vite le statut de la FP, convaincre de mener ce bras de fer pour obtenir le retrait du projet.
**Quand la goutte d’eau…
Une politique libérale martelée à tous les niveaux a porté à son comble l’exaspération de la population.Le monde du travail est directement visé : les cheminot-tes étaient massivement en grève le 9 mars pour défendre leur statut, les salarié-es de la Poste sont aussi mobilisé-es le 23, ceux des Douanes le 24, le monde de la culture prévoit des actions, la fonction publique se mobilise pour défendre salaires et emplois le 22. En cohérence avec la loi El Khomri, les négociations s’ouvrent sur la nouvelle convention Unedic qui vise à réduire encore les droits des chômeur-ses, notamment par la dégressivité accrue des allocations chômage.
Ces attaques s’accompagnent d’une politique assumée de répression syndicale : Air France, Good Year, sont les exemples emblématiques de mesures de criminalisation du mouvement social plus répandues.
Elles entrent en résonance avec la ligne sécuritaire, liberticide et xénophobe adoptée par le gouvernement au lendemain des attentats de novembre.
La constitutionnalisation de l’EU, la réforme annoncée de la loi pénale, et la sinistre déchéance de nationalité ont déporté l’action du gouvernement sur le terrain de l’atteinte aux libertés fondamentales, de la politique de la « guerre civile » qui pousse une partie de la population contre l’autre.
Cette accumulation est devenue insupportable pour les citoyen-nes, la coupe est pleine. Sur toutes ces questions, la FSU doit poursuivre au sein du collectif « nous ne céderons pas » et mobiliser contre l’EU lors des initiatives prévues, y compris en développant des collectifs locaux. De la même façon, le gouvernement mène une politique de grands projets inutiles qui servent avant tout les intérêts financiers des entreprises concernées et piétinent les questions environnementales en méprisant l’avis des populations concernées. NDDL est à ce titre emblématique, et il faut se réjouir du succès de la manifestation du 27 février à NDDL, à Barjac, et poursuivre l’implication de la FSU dans ces combats. […] Lire la suite dans le fichier joint.