Le 11 janvier 2015, des milliers de personnes manifestaient pour dire leur haine du terrorisme, pour témoigner de
leur solidarité avec les victimes (« je suis Charlie ») et pour défendre la liberté d’expression comme droit fondamental.
Depuis deux ans, d’autres attentats ont causé de nombreuses victimes et ont profondément meurtri la
population. Le gouvernement n’a eu de cesse de renforcer l’arsenal judiciaire, il a même souhaité mettre en place
la déchéance de nationalité, et il a prolongé l’Etat d’urgence au fil des mois, sans que cela n’empêche pour autant
les attaques terroristes. Il aurait pu promouvoir davantage de démocratie, miser sur une société plus solidaire,
mais il a fait le choix inverse : en développant une politique répressive, il s’est attaqué aux libertés publiques, et a
peu à peu imposé une société du contrôle. Il a ciblé comme responsable la population musulmane, il a fait la chasse
aux migrants, et a multiplié les poursuites envers les militant-es qui leur témoignaient leur solidarité. Ce gouvernement
porte une lourde responsabilité dans la fracture actuelle de notre société
Et sa responsabilité est importante également sur bien
d’autres sujets : la politique résolument libérale qu’il a
menée durant tout le quinquennat (politiques d’austérité
renforcée, loi Macron et loi Travail, Pacte de responsabilité,
ANI…) n’a eu de cesse d’affaiblir les droits des salarié-es sans
apporter de mieux au plan économique, sans résoudre durablement
la question du chômage. L’évasion fiscale n’a pas
été combattue par ce gouvernement, il a même poursuivi
des militant-es d’Attac engagé-es fin 2016 dans des actions
pour la dénoncer…
Le bilan est sombre, Hollande l’a compris tant il est discrédité
dans l’opinion publique. Les gesticulations des candidats à
la primaire de la gauche ne permettront pas d’effacer les
renoncements et les trahisons de ce gouvernement qu’on
ne peut évidemment pas imputer au seul président. Valls
pousse le cynisme jusqu’à dire qu’il supprimera le 49-3 s’il
est élu, après avoir abusé de ce dispositif anti démocratique
pour faire passer les lois rejetées par tous, y compris par sa
majorité (loi Macron et loi Travail). Personne n’est dupe, et
rien n’efface la brutalité dont ce gouvernement autoritaire
a fait usage.
La dégradation se poursuit…
Malgré les annonces, la situation sociale et économique ne
s’arrange pas : les chiffres du chômage masquent une réalité
faite de précarité renforcée, notamment pour les jeunes, qui
ne connaissent aucune embellie au niveau de leur insertion
professionnelle. La situation des salarié-es est toujours difficile,
en témoignent les mobilisations dans des secteurs
aussi divers que les fonctionnaires de Police, les VTC ou
encore les salarié-es des chantiers navals de St Nazaire. Partout,
les droits collectifs sont affaiblis, et les réformes en
cours s’inscrivent dans cette ligne : la loi Macron porte
atteinte à la durée et à la qualité du travail en permettant
l’ouverture des commerces le dimanche, elle met les salarié-
es en concurrence, renvoie à l’échelle de l’entreprise l’application
de cette amplitude de temps travaillé et instaure
de fait un rapport de forces qui n’est pas au bénéfice des salarié-
es. Loi Macron, loi Travail : les attaques contre le droit du
travail et la destruction des acquis sociaux des salarié-es
sont bien l’oeuvre d’un gouvernement socialiste
Quelles conséquences de ce bilan ?
Il ne faudrait pas euphémiser un tel bilan et sous-estimer
les conséquences pour l’avenir : une partie non négligeable
de la population se tourne désormais vers l’extrême droite
pour espérer changer la société. Le Front national connaît
une importante progression, y compris parmi les fonctionnaires.
Les politiques anti-sociales menées depuis 4 ans en
sont une cause importante. Il est vital pour le mouvement
syndical de se démarquer nettement de l’extrême droite,
dont les constats peuvent rejoindre les nôtres, en organisant
des mobilisations promouvant des alternatives sur la base
de revendications concrètes.
Les politiques éducatives sont également contestées par nos
collègues… Les moyens alloués dans l’EN (insuffisants, il faut
le souligner) ne font pas oublier la nocivité des réformes des
rythmes scolaires et du collège… Nombre de dispositifs en
place visent le démantèlement du cadre national, davantage
d’autonomie (donc d’inégalités), l’individualisation pour lesélèves comme pour les personnels, la promotion du mérite…
Autant de notions qui affaiblissent le service public parce
qu’elles vont à l’encontre de ses valeurs, notamment l’égalité
de traitement. Les enseignant-es sont en souffrance, perdent
le sens de leur mission, voient leur métier dénaturé. La mobilisation
importante dans les lycées d’éducation prioritaire
(EP) témoigne aussi de ce malaise enseignant : les lycées
anciennement labellisés réclament leur classement EP, ils
ont mené des actions et des grèves depuis 4 mois, et poursuivent
une mobilisation qui s’étend à plusieurs académies,
de façon déterminée. Il faut encore une fois déplorer le passage
en force et l’absence de prise en compte de la mobilisation
par la ministre.
Ailleurs dans le monde
Le contexte européen et international n’est certes pas encourageant
non plus, et participe des difficultés actuelles que
nous connaissons : la guerre en Syrie fait des milliers de victimes,
le gouvernement turc piétine les droits humains,
pourchasse le peuple kurde et les opposant-es à son régime
autoritaire, les attentats se multiplient et frappent de très
nombreux civils, les populations fuient leurs pays en guerre,
d’autres migrent pour échapper à la misère engendrée par
les politiques d’austérité. La montée des populismes, des
partis xénophobes et néofascistes distillent la haine de
l’autre et la recherche de boucs émissaires. En Europe,
certains pays dressent des murs pour empêcher l’entrée de
réfugié-es sur leur sol. Les replis réactionnaires se
multiplient : chasse contre les migrant-es, menaces contre
les droits acquis (IVG en Pologne, par exemple), attaques
contre les libertés avec la généralisation des politiques sécuritaires.
Cette situation agit comme une chape de plomb sur
la population, le climat est tendu et il est difficile de porter
un message d’espoir dans ce contexte. Pourtant, il n’est pas
possible pour le syndicalisme de rester spectateur d’une telle
dégradation, et d’attendre sans agir jusqu’aux élections de
mai prochain…
Nos tâches syndicales
Au niveau syndical, nous avons mené des batailles durant
ce quinquennat (contre l’état d’urgence, contre la loi Travail,
contre les réformes éducatives), et nous avons eu raison de
le faire. Il nous faut donc poursuivre dans cette direction,
porter un regard critique et dénoncer tout ce qui ne permet
pas d’aller vers une société plus juste et plus solidaire. Les
programmes de la droite et de l’extrême droite représentent,
sans surprise, une violente attaque contre les valeurs démocratiques
et de justice sociale : nous devons évidemment les
combattre, et porter un projet ambitieux pour y faire face,
pour redonner espoir à la population, et ne pas sembler
défendre ce qui serait au contraire un « moindre mal ». Pour
ce faire, nous avons besoin de regrouper nos forces, pour
défendre les acquis, mais pour préparer également les offensives
qui ne manqueront pas d’arriver. Nos partenaires syndicaux
de lutte et de transformation sociale sont plus que
jamais des partenaires privilégiés, il nous faut travailler à
construire un outil pérenne avec la CGT et Solidaires, et ceux
qui le souhaitent, pour constituer un front syndical pour la
défense des droits collectifs et de l’intérêt général. L’appel
commun souhaité par la sd 77 (rejointe par d’autres) serait
à même d’initier ce rapprochement.
Tous les espaces collectifs qui vont dans le sens des valeurs
de transformation sociale que nous portons doivent être
investis. C’est le cas notamment avec la Convergence des
services publics qui localement et au plan national veut
contribuer à la construction d’un vaste mouvement contre
les politiques d’austérité en promouvant les services publics
du XXIème comme alternative aux politiques libérales.
C’est aussi le cas avec la mobilisation féministe qui se met
en place pour dénoncer les inégalités salariales et construire
une journée d’actions et de grève autour du 8 mars, dans
laquelle la CGT et Solidaires sont déjà très impliquées.
Enfin, c’est le cas de la démarche initiée par Attac, que la FSUa signée, pour permettre la convergence des mouvements
sociaux et la visibilité de leurs analyses et revendications.
L’objectif est de permettre, comme lors des forums sociaux,
de placer la question sociale au centre des préoccupations,
et d’élaborer collectivement toutes les formes de mobilisations
nécessaires. Dans ce cadre, Attac propose de travailler
avec celles et ceux qui le veulent, pour mettre en évidence
les enjeux que représente la répartition des richesses afin
de financer les besoins sociaux et notamment les services
publics : la FSU doit prendre toute sa place pour y porter ses
revendications.
C’est également un outil qui permettra de résister face à la
répression qui se poursuit, face à la criminalisation du mouvement
syndical et social qui ne cesse de sévir : les militantes
contre l’évasion fiscale en ont fait les frais, certains d’entre
elles/eux, ont été en procès à Dax début janvier.
De même la FSU doit signer l’appel de VISA « Pour l’unité
syndicale face à l’extrême droite », qui vise à élargir l’arc unitaire
pour combattre le FN. Localement, la FSU s’engage et
prend sa place, avec ses militant-es, dans toutes les mobilisations
pour défendre les militant-es inculpé-es pour délit
de solidarité, dans la vallée de la Roya ou d’ailleurs. Il est
important que sur tous ces sujets, la FSU s’engage
résolument au niveau national également : la fédération et
tous les militant-es sont aux côtés de celles et ceux qui se
battent pour la défense des droits, des libertés ; contre l’extrême
droite, les discriminations, les injustices.