EDITO
- Edito de la Revue n°105 (janvier-février 2024) – Par Marie Haye ■
La macronie fait le choix assumé des inégalités. Celles de genre, quand Macron défend Depardieu : invitant à s’en remettre à la justice tout en sachant que 70 % des plaintes pour violences sexuelles sont classées sans suite, il donne des gages à la partie la plus réactionnaire de l’opinion, et singulièrement celle atteinte d’une forme de panique morale. Qu’elle se rassure, Macron défendra sa suprématie sur les femmes, les migrant·es, les pauvres… Il l’a déjà prouvé : avec la loi immigration reprenant le principe de préférence nationale cher à l’extrême droite, qui marque au passage de nouveaux points sur le terrain idéologique ; ou dans l’Éducation, avec un « choc des savoirs » qui vise en réalité le tri sélectif des élèves, fondé sur la naturalisation des inégalités scolaires et sociales. La première déclaration décomplexée d’Oudéa-Castera, promue à l’Éducation, a franchi un cap supplémentaire dans le séparatisme scolaire et social des riches. La nomination d’Attal comme Premier ministre, dans une forme de pendant avec Bardella, la rhétorique aux accents pétainistes du « réarmement », qu’il faut aussi entendre au sens propre : celui de la production de chair à exploitation ou à canon… Tout cela constitue le nouvel « en même temps » pour disqualifier les forces progressistes et préserver les intérêts capitalistes.
La police est l’un des instruments du maintien de cet ordre établi. La répression des manifestations, la criminalisation des luttes, comme celles pour l’écologie, qualifiées d’« écoterrorisme », ou pour la paix au Proche-Orient, taxées d’antisémitisme, signent la volonté de faire taire notre camp social, dont les revendications de paix, de justice et d’égalité terrorisent, littéralement, les dominant·es. Ne sous-estimons pas les dangers de cette stratégie politique. Mais regardons ce qui la provoque : il s’agit d’une réplique de l’exceptionnel mouvement contre la réforme des retraites, qui révèle la peur qu’inspire aux dominants la puissance de l’action collective.
Alors, reprenons le chemin des luttes, en participant massivement aux mobilisations pour un cessez-le-feu à Gaza et contre la loi immigration. Faisons de la grève éducation du 1er février le coup d’envoi d’une grande mobilisation pour la défense de l’école publique et démocratique. C’est aussi dès à présent qu’il faut préparer la grève féministe et construire la mobilisation fonction publique prévues en mars. Les luttes victorieuses, comme celle des salarié·es de l’automobile aux États-Unis, donnent de l’espoir et des pistes stratégiques. Pour gagner, il faudra unir nos forces, élargir et s’inscrire dans la durée. ■