- Intervention d’Emilie Moreau au CDFN de novembre 2022 –
Qui aurait parié que la mobilisation en Iran serait toujours aussi vive plus de 7 semaines après le décès de Masha Amini ?
Le contexte de pauvreté, de faim, de chômage, d’absence d’avenir pour la jeunesse nourrit la vague contestataire, à Téhéran et dans l’ensemble du pays. Ce soulèvement inédit depuis 1979 rassemble notamment femmes et jeunes qui aspirent à plus de liberté et à une vie meilleure.
La répression, elle non plus, ne faiblit pas. Après les arrestations, les tirs à balles réelles contre les manifestant·es, la majorité des députés iraniens souhaitent l’application de la loi du talion contre les « émeutier·es ». Mais cette répression sanguinaire n’a pas raison de l’insoumission généralisée de la population et au contraire la galvanise.
Nous devons manifester tout notre soutien et notre solidarité internationale au peuple iranien.
Les motifs de colère sociale, moteur de contestation et de mobilisations, existent aussi ici comme l’ont démontré les mobilisations pour les salaires, plutôt réussies, des 29 septembre et 18 octobre mais aussi de la marche contre la vie chère du 16 octobre.
C’est le cas du dossier des retraites. Des négociations sont en cours, il faudrait plutôt parler de discussions, ou d’échanges car en l’absence du texte de projet de réforme, il est difficile de négocier quoi que ce soit. Cette technique du gouvernement bien rodée, nous recevoir, nous écouter sur tels ou tels sujets mais sans jamais dévoiler leurs intentions nous met en difficulté pour informer et mobiliser les personnels car il n’est pas aisé d’affiner un argumentaire contre du vent.
Pourtant il est nécessaire, dès à présent, d’aller à la rencontre des personnels pour dire les grandes lignes du projet Macron et les conséquences néfastes qu’auraient pour chacun·e d’entre nous le recul de l’âge d’ouverture des droits à pension. Dire aussi nos lignes rouges, qu’il n’est pas question d’accepter de nouvelles dégradations des conditions de départ à la retraite. C’est ainsi que l’on pourra créer une mobilisation contre le projet de Macron.
Tous types et tous cadre de mobilisation doivent être possibles, avec en premier lieu le cadre intersyndical à faire vivre et à préserver car c’est un signal fort envoyé à la fois au gouvernement et aux salarié·es. Cela ne doit pas nous empêcher de trouver d’autres alliances, plus larges avec les forces politiques de gauche et les assos car pour gagner il faudra une mobilisation de masse. Cela peut prendre la forme de meetings, de stages ou d’heure d’information syndicale ; ou encore la mise en place d’une pétition avec comme objectif unique de montrer l’opposition de l’ensemble des salarié·es au recul de l’âge d’ouverture des droits.
Sur les salaires, on retrouve la même technique à l’Education nationale : des discussions sont engagées mais aucun projet ne sera connu avant les élections pro. Une information est déjà connue c’est le budget qui sera consacré à l’augmentation des salaires des enseignant·es, 935 millions d’euros qui ne permettront pas une augmentation significative de toutes et tous.
Les questions d’augmentation des salaires et d’égalité salariale sont largement portées par la FSU et ses syndicats nationaux, mais comment aller encore plus loin, comment poursuivre la mobilisation et montrer notre détermination à ce gouvernement ? La pétition engagée par le SNUipp-FSU, avec un mot d’ordre court « 300 euros, pour toutes et tous, maintenant » est une piste. Lancée avant les vacances, elle a recueilli près de 40 000 signatures le renforçant d’autant en vue de la réunion de clôture des discussions le 16 novembre.
Le total des aides, subventions et autres niches fiscales reçues par les entreprises, chiffré dans un rapport récent de l’IRES à plus de 200 milliards d’euros, pour une « efficacité » quasi nulle sur l’emploi et une incitation à contracter les salaires, apparaît de plus en plus indécent.
La période actuelle nous permet de remettre au centre des débats la question de la répartition des richesses. Ainsi la campagne contre les superprofits, dans laquelle nous sommes engagés, a largement irrigué toute la société, jusqu’à l’Assemblée nationale qui a voté une taxe sur les superdividendes contre l’avis du gouvernement. C’est en gagnant cette bataille là que nous gagnerons plus globalement sur nos revendications syndicales.
Le slogan « fin du mois, fin du monde, même combat » reste d’actualité tant les gouvernements semblent peu enclin à prendre des mesures fermes pour engager la rupture écologique.
Pourtant les derniers mois ont donné à voir de premières conséquences, très visibles pour chacun·e d’entre nous, du réchauffement climatique. Et partout dans le monde les populations prennent conscience des changements à venir, du rôle des activités humaines et de la nécessité de modifier profondément leur mode de vie et le système économique.
En tant qu’organisation syndicale, nous avons toute notre place pour définir avec les agent·es des mesures pour aller vers une Fonction publique plus écoresponsable. Comme nous avons toute notre place pour soutenir les mobilisations comme celles contre le projet des méga-bassines à Sainte Soline qui n’ont d’autre vocation que le détournement d’un bien commun au profit de quelques-uns.
Notre syndicalisme doit porter ces combats pour construire une société éco-socialiste.