Par Bénédicte Viguier (BN, Amiens)
Dans l’Oise hier, les SN de l’éducation de la FSU ont tenté d’ajouter aux revendications sur les retraites nos revendications pour l’éducation : la carte scolaire dans le premier degré, comme les DGH dans le second degré sont en effet catastrophiques dans le département. Nous avons donc appelé à une AG éduc le matin, puis un rassemblement éduc devant la DSDEN pour rejoindre en cortège la manifestation retraites. Le bilan est mitigé : il y a eu (comme partout dans le pays) peu de monde à l’AG, le rassemblement devant la DSDEN était correct, mais c’est dans la manifestation interpro pour les retraites que le cortège éduc était le plus fourni (et bien fourni !).
On peut donc s’interroger : est-ce que nationalement comme dans l’Oise hier, ajouter les questions corpo (salaires, moyens, DGH, missions, technologie, etc…) à nos revendication sur les retraites conduira forcément à un renforcement de la mobilisation et à une augmentation du nombre de grévistes dans notre champ de syndicalisation ?
D’une part, pour mobiliser davantage nos collègue sur les retraites, notre analyse -suite à la journée d’hier- est qu’il faut dépasser le discours sur le report de l’âge légal à 64 ans qui est dans la réforme des retraites Macron. Avec un concours à Bac+5, 43 annuités de cotisation, tous les collègues partiront en retraite après 64 ans…
Pour mobiliser il faut plutôt communiquer sur les alternatives, sur la réforme des retraites que nous voulons, c’est à dire sur nos mandats : un départ à 60 ans avec 75% du salaire, un abaissement du nombre d’annuités, la prise en compte des années d’études, etc…
D’autre part, nous sommes toutes et tous ici bien d’accord pour dire qu’il n’y a rien qui va dans la politique menée par le ministère de l’éducation nationale. Et les collègues le sont aussi. Il faut donc tenir tous les bouts et ne surtout pas laisser tomber le champ de l’éducation bien sûr.
Cependant, dans un contexte où il y a déjà beaucoup d’actions, ajouter des actions supplémentaires n’aura pas forcément le succès escompté et pourra conduire à l’épuisement.
Et il faut absolument éviter de faire apparaître la mobilisation à venir comme une grève fourre-tout. Les collègues n’y croient plus : à leurs yeux, on ne peut pas gagner sur une grande quantité de revendications (aussi légitimes soient-elles) mais on peut gagner sur un mot d’ordre/une revendication.
Il serait donc préférable de prendre les questions éduc « à l’envers » : si on perd sur les retraites, le gouvernement va dérouler sa politique libérale, les attaques contre le service public d’éducation vont pleuvoir. Si on perd là dessus, on va perdre sur tout le reste : nos salaires, les moyens, les missions, le statut de la fonction publique, etc… Au contraire si on gagne sur les retraites (et on y croit), on inversera le rapport de force et on pourra gagner sur les revendications qui sont propres à notre champ de syndicalisation !