- intervention de Céline Sierra au Conseil national de la FSU-SNUIPP, novembre 2022
Le Ministère poursuit le déploiement de sa politique éducative par des orientations qui renforcent le caractère inégalitaire du service public d’éducation (réforme de la voie pro, école du futur, promotion des fondamentaux, la dualité public/privé est renforcée par la concurrence entre les écoles).
Par sa réforme de la voix professionnelle, le gouvernement entérine sa volonté d’une école à 2 vitesses. Il conforte l’orientation des enfants des classes favorisées vers les voies d’excellences et celleux des classes populaires vers les voies pro ou d’apprentissages. Tout cela ne répond qu’à un besoin celui de l’employabilité en faisant passer une entrée précoce des jeunes dans le monde de l’entreprise.
Cette école de classe est construite dès l’école primaire par la politique éducative du Ministère qui met sous pression, contractualise, évalue constamment élèves, personnels et écoles a pour objectif de transformer les pratiques enseignantes, de réduire les savoirs enseignés aux acquisitions de base de la lecture, des mathématiques et de la morale patronale.
Avec le concours pour les contractuel·les détentrices et détenteurs d’une Licence 2, le ministère ouvre une nouvelle voie vers plus de précarisation du métier d’enseignant·e. En envoyant ces collègues directement sur le terrain, sans formation universitaire solide et sans formation professionnelle, le ministère les place dans une situation intenable. Ils ne pourront être des enseignantes et enseignantes conceptrices des modalités d’apprentissage de leurs élèves. Sans formation pour apprendre à penser ses pratiques, les travailleurseuses deviennent des tâcheron·nes. Ces nouvelles et nouveaux enseignantes et enseignants rejoindront leurs collègues déjà pressurisé·es notamment par des évaluations standardisées qui vont se déployer dès la rentrée 2023 une année sur 2 tout au long de la scolarité.
Notre profession est déclassée, le manque de candidates et candidats aux concours au point que le ministre décale les dates d’inscription, en est une nouvelle preuve. Celle-ci s’ajoute au nombre bien caché de démissions ou de demandes de ruptures conventionnelles. Nous pensions avoir atteint l’apogée de la crise du recrutement à la rentrée 2022 mais nous pas encore vécu celle de 2023.
Le passage en force du projet de budget dont celui de l’éducation nationale à l’Assemblée ne permettra pas à l’école d’obtenir les moyens dont elle a besoin. L’absence de débat sur l’école a obéré tant sur le niveau d’investissement que sur les finalités de la politique menée que nous dénonçons. Il n’y aura donc pas d’augmentation de salaire pour toutes et tous sans contrepartie, pas de baisse d’effectifs, pas de plus de maitres·ses que de classe, mais au contraire, l’essor de la contractualisation, des courses aux projets et des primes au mérite.
C’est sur ces sujets : absence d’investissement et politiques menées, qu’il nous faut construire une mobilisation de la profession. Donnons des éléments concrets d’entrée en mobilisation : sur la faiblesse budgétaire, sur la crise de recrutement, sur les inégalités scolaires et opposons à cela le projet que nous portons en allant au contact des collègues grâce à notre réseau de collègues engagées avec le SNUIPP-FSU pour gagner les élections professionnelles et construire une grève majoritaire. Combattons l’école à deux vitesses, imposons notre projet d’école émancipatrice. Une école où les savoirs émancipateurs bénéficient aussi aux élèves issues des classes populaires.
Construisons dès maintenant une journée de grève pour l’éducation portée par la FSU en janvier et qui s’inscrive dans un calendrier d’actions plus large en lien avec les luttes pour les salaires, les pensions et les retraites.