J’interviens pour Ecole Emancipée, au sujet de la manière dont le SNES-FSU doit analyser et combattre la contre-réforme Blanquer de la formation des enseignantes et enseignants.
Nous remercions les rapportrices et rapporteurs d’avoir tenu compte de certaines de nos remarques propositions, qui allaient dans le même sens que celles de plusieurs S3, sur la réforme du CAPES, que l’on trouve désormais évoquée dans un paragraphe spécifique se concluant par une demande d’abrogation (2.15), et sur la suppression de la parenthèse au paragraphe 4.3 – parenthèse dont certains demandent la réapparition, alors que nous avions positivement fait évoluer l’écriture sur ce point en commission. Les actuels mandats du SNES-FSU sont, de fait, percutés par la violente destruction de nos métiers organisée par Jean-Michel Blanquer. Le format de ce congrès ne permet pas de tous les réexaminer, mais ce n’est que partie remise.
Nous actons donc positivement la globalité des réécritures proposées par les rapportrices et rapporteurs à l’issue des débats en commission. Cependant, certains éléments nous semblent devoir être renforcés au paragraphe 2.15:
La réforme du CAPES vise à fragiliser, contrôler et désarmer les enseignant•es dès leur entrée dans le métier. Elle n’entraîne pas seulement la contractualisation des étudiant•es mais aussi leur précarisation, ce qui aura pour conséquence de faire renoncer bon nombre de candidat•es à envisager une carrière dans l’Éducation Nationale. Une autre conséquence de cette réforme est l’utilisation des étudiant-es et des stagiaires comme moyen de pallier les suppression de postes – ce qui risque d’être un échec encore plus complet étant donné le peu de vocations que suscite notre métier ces dernières années. Nous maintenons donc l’amendement que nous avions déposé sur la suppression du statut d’AED-prépro et sur la nécessité pour le SNES-FSU de porter des aménagements à ce dispositif, d’ici sa suppression (amendement qui avait été déposé sur le paragraphe 2.9 et qui est à replacer dans le 2.15).
La réforme du concours fait également évoluer le recrutement des enseignant•es dans le sens d’un formatage qui s’inscrit dans la logique néolibérale imposée par le gouvernement et qui s’étend à l’ensemble de la fonction publique. Elle accorde une place de plus en plus grande au « terrain », conçu comme le cadre premier et principal de la formation, alors que, nous le savons, le savoir académique (au-delà des savoirs scolaires), disciplinaire mais aussi professionnel (la recherche s’intéresse aussi aux questions de métier), acquis dans le cadre d’une formation universitaire, est essentiel dans sa pratique quotidienne. En déqualifiant les enseignantes et enseignants, la réforme Blanquer rend également possible un accroissement des pressions hiérarchiques. C’est pourquoi nous conservons notre proposition d’amendement déposée au paragraphe 4.3. et insistons sur la mention d’une revendication, qui fait consensus au sein du SNES-FSU, d’un stage à tiers-temps devant élèves sur le service du•de la tuteur•rice, condition d’une entrée dans le métier progressive, intégrative et véritablement formatrice.
En outre, la première partie du paragraphe 5.4 consacrée à la formation continue mérite d’être complétée.
La formation continue ne peut, comme c’est principalement le cas aujourd’hui, servir des objectifs à courte vue d’accompagnement des réformes. Elle doit s’inscrire dans une démarche stimulante et émancipatrice en lien avec la recherche, et il est nécessaire que le SNES-FSU offre des formations que l’institution ne propose pas, comme celles dispensées par certains S3 ou comme les universités d’automne du SNUipp-FSU, qui sont toujours très appréciées.
Alors que le Ministère tente par tous les moyens de nous déposséder de nos outils de travail et de notre recul critique, un syndicat comme le nôtre se doit de créer des espaces de formation au contenu riche et émancipateur. C’est pour cette raison que nous n’avons pas voulu supprimer notre amendement sur le paragraphe 5.4.