Marie-Hélène DOR (CAN, La Réunion)
Déjà largement éreinté par la réforme de 2015, le collège Blanquer s’éloigne encore un peu plus de sa mission historique de démocratisation et d’émancipation par l’enseignement pensé et mené par les enseignant·es.
Il cède le pas à une vision ultra-libérale, utilitariste et individualiste de l’école. Cela passe par un empilement de « parcours » (avenir, santé, citoyenneté,..), de compétences, de certifications ou leurs avatars (pix, ASSR,…), d’interventions extérieures dont la pertinence est loin d’être démontrée (Energies Jeunes,…). Et tout cela au détriment des enseignements et de l’acquisition des savoirs dorénavant relégués au second plan.
Outre ces parasitages, le collège Blanquer est également victime de l’obsession évaluative du ministre, qu’il s’agisse des tests à l’entrée en sixième en math et français, des tests de fluence ou plus récemment en langues vivantes (Ev@lang). Ces évaluations imposées par le ministère et conçues pour leur faire dire ce qu’on veut servent de prétexte à la rue de Grenelle pour conforter ses orientations. On se souvient tous par exemple des déclarations de Blanquer en novembre dernier affirmant que « les effets négatifs du confinement ont été gommés ».
Pourtant ces évaluations sont déconnectées des réalités de terrain, viennent perturber les progressions pédagogiques et ne font pas sens ni pour les élèves et encore moins pour les enseignants pour qui elles représentent une charge de travail supplémentaire sans prolongement pédagogique réellement pertinent.
L’Éducation Prioritaire est plus que jamais le terrain privilégié de l’expérimentation tous azimuts. De ce fait, les évolutions du collège (contractualisation, mise en concurrence, différenciation) y sont démultipliées. Les cités éducatives qui ont vocation à phagocyter les REP+ et les CLA à supprimer les REP, sont conçus pour parachever cette transformation de l’école. Il est impératif d’en exiger l’abandon.
Le collège Blanquer n’échappe pas non plus à la baisse continue des moyens et aux suppressions de postes qui perdurent malgré les besoins supplémentaires, en personnels remplaçants notamment, du fait de la crise sanitaire. Si à l’issue de la mobilisation réussie du 13 janvier, le gouvernement a été contraint de recevoir les organisations syndicales, les quelques annonces faites à l’issue de cette rencontre ne sont pas de nature à répondre à la grave crise que traverse l’école publique.
Les DGH qui arrivent prochainement dans les collèges et lycées vont être marquées par des moyens en moins là où, plus que jamais, il est urgent de recruter des personnels supplémentaires.
Le recrutement annoncé de quelques milliers d’emplois précaires reste très insuffisant au regard du territoire à couvrir. En outre, rien ne garantit qu’ils trouveront preneurs du fait de leur faible rémunération. L’urgence de recruter doit s’accompagner du recours à des emplois statutaires et d’une revalorisation salariale pour tous.
Le SNES-FSU doit s’appuyer sur la dynamique enclenchée le 13 janvier pour créer le rapport de force nécessaire pour imposer a minima le gel de toute suppression de postes, des DGH à la hauteur des besoins et une hausse significative des salaires.