Suite aux commissions et à nos questionnements pour faire vivre dans les départements la consigne sur les 108 heures et l’APC, nous nous interrogeons sur les obstacles que nous rencontrons à la généralisation de cette consigne et pour que nos collègues s’emparent davantage de cette possibilité de reprise en main de leur métier.
Nous avons ici déjà beaucoup réfléchi à la durée du temps de travail, aux 108 heures et aux APC. Des publications ont été largement diffusées, les équipes se sont investies. On constate que maintenant cette question traverse, au-delà des conseils syndicaux, les salles des maîtres. La difficulté à laquelle nous sommes confrontés est celle de la cohérence des actions qui se déclinent souvent au plan départemental et encore plus souvent au niveau le plus micro qui est celui des écoles. « Les pieds dans la boue et la tête dans les étoiles » était une des formules enthousiasmantes du SNU à sa création. Il apparaît que depuis trop longtemps, pour les collègues et pour les syndicalistes que nous sommes, la boue l’emporte sur les étoiles. Pour sortir de la boue, avoir en ligne de mire les étoiles : le SNU doit, comme il l’a fait à ses débuts, afficher ses ambitions pour l’école avec davantage de clarté et de fermeté et placer la campagne sur les 108 heures dans la perspective d’une transformation réelle de l’école avec comme boussoles la démocratisation et le « tous capables ». Nous avons un projet pour l’école et les enseignants qui répond parfaitement à toutes les exigences qui sont portées actuellement par nos collègues : un plus de maîtres que de classes avec déconnexion du temps élèves et du temps enseignants qui vise la démocratisation du système éducatif et la qualité du travail enseignant. La réappropriation des 108 heures et l’abandon de l’APC tout comme la reconstitution des RASED constituent alors une étape nécessaire qui ne se suffit pas elle-même. On sait, et on doit le faire savoir au-delà de l’école, que les élèves des milieux populaires sont les victimes ici plus qu’ailleurs d’un système qui n’affiche pas le tri social comme finalité de l’école mais qui incontestablement le provoque.
Il nous faut donc d’abord caractériser sans ambiguïté les politiques éducatives à l’œuvre depuis plusieurs décennies et dénoncer l’hypocrisie d’une refondation qui ne fait qu’afficher des intentions dont on peut légitimement mettre en doute la sincérité. Dans ce cadre, le SNU doit faire apparaître clairement les APC comme un alibi pour le ministère pour ne rien changer dans les écoles tout en laissant entendre qu’une réponse est apportée au traitement de la difficulté scolaire. Et bien sûr à budget constant mais au prix fort pour les enseignants de l’augmentation de leur temps de travail et la multiplication des injonctions inopérantes. Ne plus faire les APC c’est un acte militant fort qui figure le refus d’être complice d’un système qui ne prend pas au sérieux la question de la démocratisation scolaire, un refus qui ouvre la porte au projet ambitieux que nous développons pour l’école.
La campagne du SNUipp-FSU a permis de lancer le débat dans les écoles et a rendu légitime pour les collègues de faire connaître la réalité de leur temps de travail, la vacuité des animations pédagogiques, l’inefficacité des APC… C’est un point d’appui solide pour amplifier notre action, pour donner à penser les alternatives, pour rebâtir du collectif. Le terrain est prêt, nous avons un projet crédible et politiquement juste, développons sans réticence notre discours pour faire en sorte que l’articulation des deux soit mobilisatrice pour peser sur les politiques éducatives présentes et à venir.