L’année qui s’annonce sera celle de la mise en œuvre tous azimuts des politiques Macron et consorts. Si syndicalement nous nous devons d’initier la riposte, l’un des enjeux sera pour nous d’articuler au mieux les différentes bagarres que nous aurons à mener. Le gouvernement le sait bien lui qui a fait le choix de matraquer ses réformes pour rendre la riposte compliquée et la faire apparaître comme inutile et dérisoire. La perspective de la réforme des retraites, réforme encore plus emblématique de l’individualisation des droits que celle du code du travail, pourrait, priorité oblige, nous faire douter de la pertinence d’une action éduc d’envergure. Pourtant dès la rentrée les mesures pleuvent : du fiasco de parcoursup aux suppressions de postes annoncées en passant par les évaluations nationales CP et CE1, c’est l’école de la maternelle à l’université qui est malmenée.
Nous n’allons pas revenir sur les évaluations et ce qu’elles représentent comme levier pour l’entrée dans la culture de l’évaluation et le pilotage par les résultats. Nous aurons à informer largement aussi bien nos collègues que les parents d’élève et faire prendre conscience au grand public que ce qui est en marche c’est une transformation totale de l’école, un changement de paradigme comme dirait le SNUipp-FSU dans sa conférence de presse de rentrée. Et un changement qui bien sûr va dans le sens contraire de ce que les enseignants majoritairement portent.
Dès cette rentrée, avec la première salve de vraies évaluations (si on considère que l’année dernière était un galop d’essai, pas très probant il faut le dire…), il faut que la réponse syndicale et professionnelle soit d’une hauteur qui permette d’alerter la population dans son ensemble et d’installer le débat sur l’école dans le domaine public. Dans une période où les perspectives de mobilisations sont importantes (sur le dossier des retraites elles passeront certainement par la grève, peut-être longue) il faut dès maintenant déployer des modalités d’action qui soient pertinentes et mobilisatrices. Le SNU s’est engagé depuis plusieurs années dans un lien plus direct avec les enseignants et enseignantes dans les écoles, au plus près du terrain. Il faudrait dès la première quinzaine de la rentrée, de nombreuses sections l’ont déjà prévu, réactiver ce lien par des rencontres dans les écoles, dans les secteurs, par des RIS, des tournées d’écoles pour que dès le CN de septembre nous puissions prendre des initiatives fortes en termes d’affichage public et de consignes qui apparaissent à nos collègues comme pertinentes et efficaces face à cette menace du pilotage par les résultats.
Si, au regard des enjeux pour l’école, le refus de faire passer ces évaluations est un objectif à atteindre, les échanges avec les collègues doivent nous permettre de refuser dès maintenant la saisie des réponses des élèves. Rappelons que le rôle de l’enseignant se limitera à faire passer des évaluations conçues en dehors d’eux et de jouer un rôle d’opérateur de saisie de leurs réponses. Non seulement ce travail est chronophage et fastidieux mais ce n’est pas à eux qu’il servira mais au ministère à des fins de pilotage.
Cette première bagarre de l’année, dans un climat de défiance face au gouvernement de plus en plus perceptible, est certainement celle, pour nos collègues et peut-être même pour l’opinion qui inscrira le SNUipp dans le paysage revendicatif de la rentrée. Avec les élections professionnelles à venir, elle permettra d’affirmer que la reconquête du pouvoir d’agir des enseignants n’est pas un vain mot pour le SNUipp.