Le champ de l’école et plus largement celui de l’éducation sont convoqués dans la lutte contre tous les obscurantismes dont nous avons vu les conséquences les plus monstrueuses au cours de la dernière semaine. Cela nous confère à nous représentants syndicaux des enseignants une responsabilité particulière. Passées la phase de sidération, celles de la colère ou des rassemblements, nous devons au nom de tous nos collègues, au nom de tous les élèves de nos classes et surtout au nom de ceux qui n’ont que l’école pour les aider à construire les outils d’accès à la complexité du monde, nous devons porter encore plus haut et plus fort notre projet de transformation de l’école et de la société.
Sortir de l’émotion et agir, sortir de la sidération en agissant. Hasard du calendrier que d’aucuns ont d’abord pu regretter nous serons en grève le 3 février. Cette grève est pour nous l’occasion d’apporter une contribution forte au débat qui s’est déjà ouvert et qui ne manquera pas de mettre sur le devant de la scène les tentations sécuritaires. Des écoles plutôt que des prisons, l’école pour ne pas remplir les prisons puis les pseudo-lieux de culte. Mais réaffirmer dans le même temps que l’école n’est pas une bulle ni un espace préservé et que ce sont tous les ghettos qui doivent tomber, qu’ils soient sociaux, économiques ou territoriaux. La démocratisation de l’école n’est pas une fin en soi, c’est un passage obligé.
Ne rien lâcher de nos revendications. La démocratisation de l’école ne peut se satisfaire d’une refondation qui s’est perdue dans les méandres de réformes à la marge de l’école. La priorité à l’école doit prendre une consistance nouvelle. Il n’est pas tolérable que les plus faibles de nos élèves aient droit aux conditions de scolarisation les plus dégradées, que l’éducation prioritaire soit financée à moyens constants et par redéploiement. La baisse des effectifs dans toutes les classes doit redevenir une de nos priorités, baisse qui est la plus à même de garantir à tous nos élèves les meilleures conditions de réussite.
Redonner à l’école la dignité dont elle a besoin pour assurer ses missions c’est avant tout redonner de la dignité aux enseignants : c’est donc prendre en compte leurs revendications en matière de conditions de travail et de rémunérations. Ne plus accepter l’infantilisation de nos collègues par une administration qui faute de se donner les moyens réels pour faire réussir l’école, en particulier en matière de formation, se drape dans un autoritarisme inacceptable. Ce sont les enseignants qui sont en prise directe avec la réalité de l’école, c’est à eux que doit revenir la responsabilité des choix de leur action. Pour que ces choix soient éclairés la nécessité de la formation et du travail en équipe s’impose. Laisser croire qu’inscrire la bienveillance dans les textes ou remettre l’éducation civique dans les programmes alors qu’elle l’a toujours été seraient des solutions, sont des leurres que nous devons dénoncer. Le temps des discours et des bonnes intentions doit laisser la place aux mesures concrètes. C’est cela que nous aurons à dire le 3 février.