Nous partageons toutes et tous ici une analyse de la situation critique du pays, d’un point de vue sanitaire, économique et social. L’épidémie de COVID repart de plus belle en Europe, et ses premiers effets sur l’économie mondiale sont déjà extrêmement dévastateurs, frappant le plus fort, comme toujours, les plus faibles. La crise est mondiale, et renforce les inégalités et les ressentiments des laissés pour compte, au risque d’évolutions politiques dangereuses dans les pays encore en régime démocratique.
Le rôle d’un État de droit est de protéger les plus faibles, pour que ne s’impose pas la loi du plus fort. Alors qu’il prétend vouloir le faire, le gouvernement Macron, même renouvelé, n’en prend pas le chemin dans les faits. Au contraire, il continue envers et contre tout la politique initiale d’être un gouvernement surtout au service des intérêts du capital. Il profite même des occasions qui lui sont offertes par la crise pour aller plus loin dans les mesures satisfaisant les demandes du MEDEF et des productivistes. Une preuve parmi d’autres : le soi-disant plan de relance consacre aux politiques sociales en faveur des plus défavorisés et de l’emploi des jeunes une minuscule partie des 100 milliards annoncés. Mais il déverse sur les entreprises, en particulier les plus grandes, des dizaines de milliards sans contrepartie, ni en terme de préservation d’emplois, ni en terme de reconversion de l’activité dans le sens de la transition environnementale de plus en plus urgente, pourtant. Avec la crise dans les EHPAD, la loi sur le financement de l’aide à l’autonomie est le prétexte idéal pour ouvrir la protection sociale aux appétits des groupes assurantiels privés, et le projet de réforme systémique des retraites n’est pas abandonné. Les services publics sont exsangues alors que les besoins sociaux sont augmentés par la crise sanitaire et sociale, mais il n’est pas question d’embauches dans le secteur public pour les satisfaire. Les plus riches ne seront surtout pas soumis à contribution exceptionnelle mais l’augmentation de la dette de l’État sera le prétexte idéal pour justifier dans les années à venir le désengagement de l’État et l’austérité renforcée en matière sociale. Les gros actionnaires peuvent dormir tranquilles, leurs dividendes sont protégés, à court-teme ! Et peu leur importe l’avenir des jeunes et de la planète !
Il est donc de notre responsabilité syndicale, en lien avec les mouvements sociaux, soucieux de l’avenir et de la justice sociale, de contribuer à montrer mieux à nos concitoyens la logique de ces politiques à l’oeuvre et de leur rappeler que les seules batailles que l’on est sûr de perdre sont celles que l’on ne mène pas.
Certes, la période est compliquée pour les mobilisations, entre craintes sur les emplois, désir de normalité des salariés en cette période si déstabilisante, contraintes sanitaires sur les rassemblements, répressions contre le mouvement social, etc. La journée du 17 septembre, dont nous étions toutes et tous conscients qu’elle ne serait pas massive mais qu’il était important d’y appeler, a quand même permis de rappeler à l’opinion publique les problématiques d’emploi et de salaire du point de vue de celles et ceux qui produisent les richesses. À nous, en lien avec d’autres organisations syndicales et associatives qui partagent nos valeurs, de continuer à mettre en évidence les enjeux sociaux et environnementaux, par des actions et des campagnes d’opinion : les 25 et 26 septembre, sur les questions de l’environnement, le 17 octobre, avec la marche des sans-papiers, par d’autres dates ensuites à discuter avec nos partenaires de la transformation sociale, en particulier dans le cadre prometteur du collectif Plus jamais ça. Une grande campagne initiée par la FSU sur le rôle positif des services publics, amortisseurs de crise, facteurs d’égalité et de cohésion sociale pourrait en être une étape permettant de mobiliser avec nous les usagers et d’imposer un discours sur les biens communs et le partage des richesses. Elle pourrait commencer par une journée de mobilisation pour le service public d’Éducation.