Chacun sait bien que la question de l’unité ne se pose plus exactement dans les mêmes termes que sous l’ère Sarkozy. En effet, le PS au pouvoir trouve des plages de convergences fortes avec une partie du mouvement syndical.
Le soutien de la CFDT et de l’UNSA à l’accord national interprofessionnel, leur refus d’une journée de mobilisation à la FP sur salaires/ retraites à la rentrée, l’accord de la CFDT à l’allongement de la durée de cotisation sont révélateurs de leur volonté d’accompagner la politique libérale du gouvernement.
Cette situation rend l’élaboration de plates-formes et la mise en place d’actions unitaires problématiques. Pour autant, il est juste de systématiquement proposer l’unité d’action à tous nos partenaires parce que c’est une condition forte pour que les personnels s’engagent massivement dans les mobilisations.
Mais aujourd’hui des divergences de fond structurent les projets syndicaux.
Le syndicalisme abusivement qualifié de « réformiste », porté par la CFDT et l’UNSA, accompagne les remises en cause profondes du modèle social issu de la Libération et des 30 glorieuses, pour leur donner un caractère social plus acceptable par le salariat. Leurs prises de position sur l’A.N.I illustrent bien cette logique qui considère que les intérêts des travailleurs sont liés à ceux du patronat qui les emploie. L’affrontement avec ce dernier, comme avec le gouvernement, n’est posé que sur les marges pour les « élargir » un peu, mais pas les remettre en cause.
Le syndicalisme de transformation sociale, lui, celui que nous portons, pose le fait que les intérêts du patronat et du salariat sont antagoniques, et que le capitalisme, par nature dominé par les premiers, doit être remis en cause dans une optique de transformation de la société. Les batailles pour l’emploi, les salaires, les retraites, pour la baisse du temps de travail, pour les services publics, pour une fiscalité plus juste et redistributive, etc… sont conçues comme autant de façons d’imposer un partage des richesses plus favorable au monde du travail et de limiter la puissance patronale.
Aujourd’hui, le pôle d’accompagnement se structure autour d’un axe CFDT-UNSA qui semble de plus en plus solide. Les convergences entre CGT, FSU et Solidaires, pour moins avancées qu’elles soient, n’en renvoient pas moins à une orientation alternative. Ces rapprochements ne procèdent pas d’une logique de division du mouvement syndical, mais au contraire d’une logique de clarifications des options en présence.
Il n’y a pas deux camps dans le syndicalisme mais bien deux lignes, deux orientations et il s’agit pour nous de faire gagner la bonne.
Nous devons faire en sorte que les salariés se saisissent de ce débat, qui ne manquera pas de s’aiguiser dans le prochain affrontement social sur les retraites.