Débat général
Le Parlement européen a adopté la directive Omnibus, un vote qui marque une rupture politique et un inquiétant recul démocratique. Pour la première fois, la droite et l’extrême droite ont formé une alliance ouverte. Cette union place l’extrême droite au centre des équilibres politiques et constitue une victoire symbolique pour des idées dangereuses pour les droits fondamentaux.
Le devoir de vigilance ne s’appliquera plus qu’aux entreprises de plus de 5 000 salarié·es et 1,5 milliard de chiffre d’affaires. La logique de responsabilité commune disparaît, au profit d’une mise en concurrence des États vers le moins-disant social et environnemental.
La directive sur le reporting extra-financier est également affaiblie : seules les entreprises dépassant 1 750 salarié·es et 450 millions d’euros de chiffre d’affaires seront concernées, et aucune obligation de plan de transition climatique n’est maintenue. L’Europe, qui prétendait montrer l’exemple, renonce ainsi à un cadre ambitieux au moment même où le réchauffement franchit 1,5 °C.
Cette régression majeure, au moment où les enjeux climatiques n’ont jamais été aussi pressants, constitue un renoncement flagrant aux engagements européens pour les profits à court terme du capital. Cela ne peut qu’encourager le dumping social et environnemental, les délocalisations et l’exploitation des travailleur·euses et des communautés à travers le monde..
Alors que l’Europe renonce à un cadre ambitieux, la COP30 de Belém aurait dû être un moment charnière. Tous les symboles étaient réunis :
- une conférence organisée aux portes de l’Amazonie, région au cœur de l’urgence climatique ;
- le dixième anniversaire de l’Accord de Paris ;
- des pays africains rappelant l’urgence absolue, jusqu’à vivre un départ d’incendie dans leur propre pavillon, métaphore saisissante de la crise en cours.
Loin de là, la déclaration finale ne mentionne même pas la sortie des énergies fossiles, alors que la combustion du charbon, du pétrole et du gaz représente 90 % des émissions mondiales de CO₂. Cette absence n’a rien d’un hasard : jamais une COP n’avait compté autant de représentant·es du secteur fossile, dont certain·es intégrés à des délégations nationales, comme la française .Les négociations ont débouché sur un simple processus de travail de deux ans.
La COP30 confirme une tendance inquiétante : business as usual, malgré les évidences scientifiques et les catastrophes qui s’enchaînent. La science le dit, le répète : la transition écologique n’est pas une option, mais une urgence absolue. Le capitalisme de la finitude, qui organise l’épuisement systématique des écosystèmes, mène à des guerres, des famines, des migrations forcées et à des conflits géopolitiques notamment autour des terres rares, indispensables aux technologies numériques et à la transition énergétique mais sources d’extraction violente et d’instabilité dans plusieurs régions du monde. Cela implique de repenser nos modèles économiques, avec la transformation des outils de production, la sécurité sociale professionnelle doit en être un des outils, de réduire rapidement nos émissions pour une société plus juste, plus solidaire et réellement durable.
Entre un Parlement européen qui recule sous la pression des intérêts économiques et une COP incapable de fixer des trajectoires ambitieuses, l’avenir des droits fondamentaux, de la justice sociale et du climat apparaît plus menacé que jamais.
Sans mobilisation sociale et citoyenne, les droits, l’environnement et le climat continueront d’être sacrifiés au nom du profit.
