Ce n’est pas encore la révolution, mais…

Débat général

Depuis plusieurs semaines, on assiste à un spectacle bien rodé. Le gouvernement, la macronie et une grande partie des médias nous jouent un vieux refrain, celui de : « la France a peur » avec un nouvel épouvantail : la dette.

On nous explique que la dette publique serait insurmontable, qu’elle mettrait en danger notre avenir, qu’elle grèverait même celui des générations futures. Comme si le budget d’un État devait se gérer comme celui d’un ménage ! Comme si on pouvait comparer un·e salarié·e qui doit rembourser un crédit avec une puissance publique qui a les moyens de lever l’impôt, d’emprunter, d’investir et de redistribuer.

Ce discours, on le connaît : il s’agit de nous culpabiliser, de nous faire accepter toujours plus de sacrifices. En réalité, derrière ces prétendues contraintes budgétaires, l’objectif est de poursuivre la dégradation de nos droits sociaux, de continuer le démantèlement des services publics, et de maintenir un système qui protège d’abord les plus riches.

Mais cette fois, le mouvement social a fait irruption. Les mobilisations réussies de septembre donnent à voir le rejet massif par la population de ces politiques austéritaires. La dynamique citoyenne du 10 s’est prolongée en se massifiant lors de la journée syndicale du 18. La jeunesse est de retour dans la rue. L’intersyndicale à 8 est un carburant pour la mobilisation et a su, dans l’unité, profiter du moment politique pour poser un ultimatum au gouvernement en des termes clairs.

Certes ce n’est pas encore la révolution, mais clairement la résignation n’est plus à l’ordre du jour, et ça fait du bien ! La majorité sociale n’accepte plus cette politique qui privilégie les profits des plus riches au détriment de toutes et tous, à l’image du très large soutien à la taxe Zucman.

Certes ce n’est pas la révolution, mais voir Pierre Gattaz et Bernard Arnault courir les plateaux télé pour dire tout le mal qu’ils pensent de cette taxe, ça fait du bien !

Et maintenant ? Il nous faut amplifier ce rejet des politiques néolibérales. La réunion prévue cette semaine entre les organisations syndicales et le Premier ministre montre la fébrilité du pouvoir. Face à la pression sociale, sans majorité à l’Assemblée, il est contraint, bien plus tôt qu’en 2023, de recevoir toute l’intersyndicale. Cette première victoire renforce notre détermination et la mobilisation pour exiger un budget qui soit juste socialement et écologiquement. Un budget qui ne fasse pas peser les efforts sur les plus précaires. Un budget qui assume un investissement massif dans les services publics : l’éducation, la santé, les transports, la culture… 

Pour défendre aussi une Sécurité sociale forte, fidèle à son rôle d’amortisseur social, et non pas transformée en vache à lait pour les assurances privées.

Et bien sûr, pour obtenir le retrait de la réforme des retraites toujours rejetée par une immense majorité de la population.

Pour cela il faut poursuivre notre travail d’explicitation de nos revendications en montrant que « oui », c’est finançable et que « non », il ne s’agit pas de sujets trop techniques réservés aux expert·es : ce sont des choix politiques. Financer un autre modèle, cela passe par une réforme fiscale ambitieuse :

  • taxer les super-riches et les superprofits ;
  • supprimer les niches fiscales qui permettent aux plus riches de payer proportionnellement moins que le reste de la population ;
  • lutter réellement contre l’évasion fiscale ;
  • conditionner les aides publiques aux entreprises à de réelles créations d’emplois et à l’amélioration des conditions de travail ;
  • et mettre fin aux exonérations massives de cotisations sociales.

Sans oublier de rappeler que ces cadeaux fiscaux aux grandes fortunes et grandes entreprises ne profitent pas aux salarié·es mais uniquement aux actionnaires. Les dividendes versés chaque année atteignent des sommets, tandis que les salaires stagnent et que les conditions de travail se dégradent.

Ce travail de conviction est essentiel mais pas suffisant. Pour peser réellement, pour maintenir la pression, nous devons aussi organiser la riposte dans la durée : grèves, manifestations, journées d’action coordonnées. Un calendrier doit être construit, collectivement, pour transformer la colère sociale en rapport de force.

Ce combat pour la justice sociale n’est pas le seul. Nous devons aussi porter haut et fort la défense des libertés fondamentales car elles sont liées au raidissement autoritaire de pouvoirs illibéraux.

A l’international, Nous ne pouvons pas accepter le deux poids deux mesures : il faut exiger l’application du droit international partout, pour tous les peuples, sans exception.

Ici, en France, nous voyons nos propres libertés reculer. Le droit de manifester est de plus en plus entravé. Tandis que le droit de vivre sans subir de discriminations, sans harcèlement, sans violences homophobes, sexistes ou racistes reste à conquérir.

Cette rentrée est porteuse d’espoirs ! Nous ne sommes pas résigné·es. Nous sommes mobilisé·es. Et c’est ensemble que nous pourrons imposer un autre avenir.