Intervention d’Adrien Martinez
À quelques mois d’élections présidentielles qui ont traditionnellement pour effet de provoquer une forme d’attentisme, l’heure n’est visiblement pas au bilan pour ce qui concerne les questions éducatives.
Si JM Blanquer a fait le sien sous forme d’un auto-satisfecit lors de sa conférence de presse de rentrée, il a aussi engagé dans les suites du Grenelle un nouveau train de transformation du service public d’Éducation ayant trait à la gestion des personnels, laissée en grande partie en jachère jusqu’ici.
Le but d’une série des réformes à venir ont pour but de renforcer le contrôle de l’agir enseignant.
Si à ce jour, la multiplication du prescrit, la diffusion des bonnes pratiques manifestaient la volonté ministérielle de prolétariser le métier enseignant, en en confisquant la part cognitive du métier pour la confier à des groupes d’experts, JM Blanquer entend, avec les conclusions du Grenelle, se doter des techniques managériales modernes pour contrôler l’activité a postériori.
C’est ainsi qu’il faut entendre la multiplication des dispositifs entendant renforcer l’appareil hiérarchique voire créer de nouveaux échelons.
On citera d’abord le sort fait à la direction d’école, avec la loi Rilhac lui conférant une autorité fonctionnelle sur les personnels ainsi qu’une délégation de compétences de l’autorité académique, ou l’expérimentation marseillaise.
Il y a aussi la volonté la création des CMCI dans le secondaire, qui induirait une modification du statut des PLC, ou la dénaturation des fonctions des CPC dans le premier degré pour renforcer la part des personnels en charge du pilotage pédagogique et de l’évaluation des personnels dans le cadre d’une gestion de carrières de plus en plus individualisées dans une « RH de proximité » revendiquée.
On pourra citer aussi le déploiement du Haut Conseil de l’évaluation, ou le nouvel aménagement de la réforme du lycée et du Bac qui se traduit par une augmentation de la part du contrôle continu sous la contrainte des projets locaux d’évaluation ondés sur des indicateurs normés.
Dans le même temps, JM Blanquer refuse de traiter les conséquences pédagogiques de la crise sanitaire : 19 mois marqués par des apprentissages entravés, des collectifs apprenants abimés, des personnels épuisés ont exacerbé des inégalités que quatre années de politique Blanquer ont contribué à augmenter. Le projet de loi de finance en témoigne : aucune création de postes tant dans le premier degré que le secondaire qui verront le déploiement de nouvelles annonces consommatrices de postes, et pour le secondaire plus de 20 000 élèves supplémentaires.
Il y a bien évidemment d’autres réformes.
Jean-Michel Blanquer a poursuivi la transformation structurelle de l’École visant la mise sous tutelle de l’agir enseignant et l’augmentation du caractère ségrégatif de notre système scolaire. Et cette dernière année avant les élections ne sera pas une année blanche.
De ce fait, et même si les mobilisations ne sont pas évidentes, le syndicalisme ne peut rester l’arme au pied. Il nous faut asséner le réel face aux mensonges de Blanquer, faire notre propre bilan de ces cinq ans de sape du service public d’éducation, faire campagne auprès de la profession et plus largement l’opinion publique. Parce que l’école ne survivra pas à un nouveau quinquennat marqué du sceau de ces orientations. Mais aussi parce que, cette année ne pourra pas rester vierge de mobilisations, qu’il nous faut mettre en perspective et préparer dès maintenant pour en garantir la réussite.