Après une poursuite du gel du point d’indice pendant les quatre premières années du quinquennat, et un dégel très symbolique arraché par la mobilisation, le gouvernement se targue d’avoir mis un milliard sur la table pour revaloriser les carrières enseignantes.
Un milliard sujet à caution, une estimation plausible le chiffre plutôt à 250 millions.
Un quart de milliard donc, qui pèse peu face aux 41 milliards de cadeaux au patronat.
Et ces 41 milliards, eux, pèsent beaucoup face aux 50 milliards de coupes budgétaires des politiques d’austérité.
Ce quart de milliard, lui, permet une revalorisation, somme toute modeste, des carrières. Par exemple, le gain lié à la hausse de l’Isae sera bien plus important, et plus rapide. Restera encore à transformer cette indemnitaire en indiciaire, seule garantie que cette hausse uniforme soit touchée par tout le monde.
Sur la revalorisation, à côté d’un saupoudrage de quelques points d’indice sur les différents échelons, une réelle avancée est à noter avec l’accès à la hors classe qui devrait enfin s’ouvrir à toutes et tous. Il reste toutefois à concrétiser cette avancée et à imposer au ministère une automaticité de passage.
Reste le troisième grade, tant vanté dans la communication ministérielle. Cette classe exceptionnelle, tout un programme, révèle un changement de paradigme dans le déroulement de carrière et la place prépondérante qu’y prendrait la hiérarchie.
Jusqu’à présent les choix professionnels n’avaient pas de répercussions directes sur l’avancement, même si par ailleurs l’exercice de certaines fonctions permettait d’obtenir plus facilement une meilleure note d’inspection et ainsi d’accéder à la hors-classe. L’accès à ce nouveau grade passerait, lui, quasiment obligatoirement par l’exercice préalable de fonctions bien précises, direction d’école ou conseiller pédagogique, ou en éducation prioritaire.
Jusqu’à présent l’avis du supérieur hiérarchique, la note, était pondérée par l’expérience professionnelle, l’AGS, pour déterminer le barème des promotions. L’accès à ce nouveau grade se baserait, lui, uniquement sur l’avis de la hiérarchie à travers un rendez-vous de carrière.
Rendez-vous de carrière qui constitue une petite révolution pour les enseignants.
C’est un outil managérial déterminant directement le déroulement de carrière.
Un outil managérial discriminant sur la base du seul mérite et d’un décorticage du parcours professionnel.
Un outil managérial qu’on retrouverait pour déterminer la durée des 6e et 8e échelons et surtout le moment du passage à la hors-classe, un delta de 6 ans minimum,
tout de même, entre un passage dès que possible et un passage à l’issue du 11e échelon.
Renforcement des inégalités, déroulement de carrière dépendant des fonctions exercées, prépondérance du mérite, division de la profession… nous valons bien mieux que ça.
Un quart de milliard, c’est insuffisant.
Le renforcement du management, c’est inacceptable.
Plus que jamais le projet du SNUipp est d’actualité et audible.
Une carrière amplement revalorisée.
Une carrière resserrée avec un écart limité entre son début et sa fin
Une carrière cylindrique parcourue au même rythme par toutes et tous.
Faisons-le partager largement à la profession.
Par ailleurs, notre démarche syndicale sur ce dossier des carrières est valable pour l’ensemble des dossiers.
L’analyse exigeante des propositions du ministère
et la mise en avant de notre projet pour l’école et les enseignants, d’une part.
La volonté de les faire partager largement par le biais d’une campagne syndicale,
et donc la construction d’un rapport de force pour l’imposer, d’autre part.