Une tentative de tirer quelques enseignements pour le syndicalisme après cette première séquence électorale.
Commençons par la seule bonne nouvelle de cette élection et les quasi 20% de voix rassemblées par une candidature antilibérale. Et si j’en parle ce n’est pas juste parce que c’est le vote de plus de 40% des salarié-es proches de la FSU comme celui de plus de 50% de ceux proches de la CGT ou de Solidaires. Si j’en parle à cette tribune c’est parce que ces très bons scores sont certes dû à une campagne dynamique mais reposent aussi sur tout ce qu’a produit le mouvement social, et le syndicalisme en particulier, au cours des dernières années pour s’opposer aux politiques libérales menées et tracer d’autres possibles.
Et notamment en 2016 lors du mouvement social contre la loi travail. Ce mouvement a permis de faire partager très majoritairement dans la population la nécessité de s’opposer au démantèlement des protections des salariés. Il a fait émerger le hashtag « on vaut mieux que ça » popularisant ainsi d’autres perspectives, émancipatrices, face à l’incessant rouleau compresseur du libéralisme. Il a également remis le débat politique sur les places avec Nuit debout.
Les 20% de cette candidature sont bien en partie une traduction politique différée de ce mouvement social.
Et dans le même temps ce score valide l’orientation syndicale de contestation du libéralisme et de l’austérité au cours du quinquennat écoulé.
Un autre enseignement est le rôle central que sera amené à jouer le syndicalisme avec le renforcement programmé du libéralisme suite à l’élection de Macron. Au cours des prochains mois, il faudra à la fois lui infliger de nécessaires défaites et contribuer à l’offre d’autres possibles.
Cela oblige le syndicalisme à se renforcer. Numériquement bien évidemment mais également dans sa structuration et son organisation. Or le morcellement actuel du syndicalisme de transformation sociale est un obstacle objectif à son renforcement.
De par son histoire et son projet, la FSU peut jouer un rôle clé dans ce renforcement.
Un rôle clé sur deux niveaux, sans négliger l’un au détriment de l’autre.
D’un côté, construire une unité d’action la plus efficace possible en rassemblant un maximum d’organisations syndicales pour s’opposer aux politiques libérales.
De l’autre, proposer un cadre souple de coordination à la CGT et Solidaires avec lesquelles elle travaille et mobilise les salariés depuis plusieurs années, pour lutter ensemble et recomposer à terme le syndicalisme de transformation sociale. Le SNUipp devra contribuer largement à ce débat au sein de la FSU.
Enfin, au-delà du seul syndicalisme, il nous faudra contribuer à rassembler l’ensemble du mouvement social face au libéralisme. Et se pencher sur la place des forces politiques dans tout cela, tout en respectant l’autonomie de chacun.
Pour terminer, si, suite à ces élections, le danger néo-fasciste est écarté provisoirement, une course de vitesse n’en est pas moins lancée avec le camp du progrès social, notre camp, pour le coup d’après.
Et entretemps c’est le libéralisme le plus débridé qui est aux manettes.
Je ne voudrais pas être trop solennel mais notre responsabilité est plus qu’importante pour gagner cette course.
Notre syndicat, première organisation syndicale dans les écoles avec de solides réseaux militants, a les moyens d’y prendre toute sa place.