Deux éléments forts après les législatives.
Tout d’abord Macron détient dorénavant à la fois le pouvoir présidentiel et une majorité parlementaire absolue qui lui est redevable.
Ensuite ces élections débouchent sur une crise démocratique majeure avec des records d’abstention et de vote blancs ou nuls qui s’enchaînent. Au final près de 62% des inscrits n’ont pas voté pour un candidat à la députation et 440 députés auront été élus ou réélus par moins d’un quart des électeurs inscrits dans leur circonscription. Crise démocratique encore quand près de la moitié des électeurs du premier tour de la présidentielle se retrouvent représentés par seulement 37 députés. Crise démocratique toujours avec une assemblée nationale encore moins représentative de la population que la précédente avec une surreprésentation à 70% des CSP+ pour 3,5% d’employés et 0% d’ouvriers alors que ces deux catégories sociales représentent ensemble près de la moitié de la population active. Crise démocratique enfin avec une élection de Macron par défaut sans véritable adhésion à son programme.
Et ce programme justement.
Un programme politique cohérent, libéral et plutôt bien détaillé. Rien de nouveau, simplement la continuation, doublée d’une volonté d’accélération, des politiques précédentes sous un emballage un peu clinquant. Et au passage cet emballage n’est plus si clinquant et commence à craqueler avec les affaires de Ferrand et du Modem.
Rien de nouveau donc et les salariés, les retraités et les jeunes n’ont rien à attendre de ce programme.
Pourtant Macron compte le mettre en œuvre séance tenante en y apportant le moins de retouches possibles. Le syndicalisme – et plus largement le mouvement social- va avoir un rôle essentiel à jouer pour le décrypter, le déconstruire et s’y opposer. Il s’agit de ne pas rester « tétanisé » ou de se marginaliser en allant trop vite mais bien de rendre lisible et cohérent le projet libéral du gouvernement pour pouvoir le défaire.
À leur échelle, et pas uniquement sur le terrain de l’éducation, la FSU et le SNUipp devront mettre toutes leurs forces dans cette bataille essentielle. Déconstruire et argumenter contre le libéralisme macroniste pour mobiliser et construire, avec d’autres bien évidemment, un large mouvement populaire de refus de ces politiques.
Et justement sur ces autres, sur nos partenaires.
Sur le terrain de l’éducation, en tant qu’organisation majoritaire, nous avons la responsabilité de prendre des initiatives pour retrouver des habitudes de travail et de réflexion unitaires avec les autres syndicats ouvrant ainsi la possibilité d’initiatives communes, même modestes dans un premier temps.
Sur l’interpro, nous devons avancer autour d’une proposition de la FSU à la CGT et Solidaires d’un cadre souple de coordination afin de recomposer à terme le syndicalisme de transformation sociale. Le contexte politique et social s’y prête et nous y oblige également.
Enfin encore plus largement, il nous faudra renforcer, voire développer, nos liens et notre collaboration avec d’autres acteurs du mouvement social tels que Attac, la fondation Copernic, la LDH, les économistes atterrés…