La campagne électorale est l’occasion un peu unique de mener un débat public sur des sujets d’ordinaire plutôt réservés à des débats de spécialistes. L’enjeu syndical, on en a débattu ce matin en commission, sera d’y introduire nos thématiques sur l’école, la fonction publique, les services publics, une autre répartition des richesses et j’en passe…
Dans ce débat, tout ce que dira et écrira le premier syndicat des écoles sera scruté avec encore plus d’attention que d’habitude.
Et à la fin de cette campagne, on nous annonce comme inéluctable l’arrivée au pouvoir d’une droite décomplexée avec un programme régressif et destructeur tant sur l’école, la protection sociale, les fonctionnaires, les retraites… Alors bien évidemment, et ça ne fait aucunement débat entre nous, il s’agira de profiter de chaque occasion pour dénoncer avec force toutes ces propositions.
Pour autant, notre boussole n’est pas que demain risque d’être aujourd’hui en pire mais bien notre projet pour l’école et les besoins du service public, et ce en toute indépendance.
Sous prétexte que la droite a dans ses cartons un projet destructeur, il serait à la fois illusoire et contreproductif de repeindre en rose le bilan du quinquennat, que ce soit sur l’école ou plus globalement.
Les effets des politiques menées sur deux objets majeurs de notre syndicalisme, les inégalités sociales et les inégalités scolaires, sont de l’ordre de l’encéphalogramme plat. On n’enregistre aucun recul, ou même début de recul, des inégalités. Ce marqueur élémentaire d’une politique progressiste de gauche est le grand absent du bilan gouvernemental.
Donc, aucune hésitation pour dénoncer et démonter la volonté de la droite de supprimer 500 000 fonctionnaires, de repousser l’âge de la retraite, de créer des Epep, de recentrer l’école sur les fondamentaux ou encore d’orienter les élèves selon leurs talents.
Mais pas plus d’hésitation pour rappeler des éléments de bilan des 5 dernières années comme les 41 milliards dilapidés dans des cadeaux fiscaux aux entreprises, la restriction des libertés publiques et l’État d’urgence permanent, le démantèlement du code du travail, la réforme des rythmes scolaires ou encore celle du collège.
D’autres éléments de bilan du quinquennat nécessiteront plus de dialectique. Je pense par exemple aux « plus de maîtres ». Pas question de les passer par pertes et profits parce que ce ne seraient pas les « plus de maîtres » du SNUipp mais pas question non plus de s’engager dans une défense inconditionnelle du dispositif actuel. Ils seront probablement l’occasion d’une des premières batailles syndicales avec le prochain gouvernement pour préserver leur existence car ils seraient une cible privilégiée en cas de suppressions de postes dans les écoles. Mais cela ne doit pas nous faire passer sous silence la modestie (un peu moins de 3300 postes actuellement) qui conduit à un saupoudrage du dispositif, ni l’absence de déconnexion temps élèves/temps enseignant de ces « plus de maitres ».
Tenir un discours s’appuyant sur la réalité vécue par nos collègues et guidé par nos analyses et notre projet syndical nous offre une crédibilité certaine.
Les différents candidats s’engagent sur un projet ou sur un bilan, à nous d’aider à décrypter ceux-ci dans le débat public et d’avancer nos propositions pour porter des alternatives nécessaires pour l’école et la société.