Allocation progressive des moyens : ne pas tomber dans le piège !

Non, l’allocation des moyens ne peut pas être progressive comme au paragraphe 3.4 : cette APM qui viendrait en plus du reste pour « réduire les effets de seuil » sera utilisée comme un leurre (un de plus) pour dissimuler la baisse globale réelle des moyens alloués. Nous le savons bien : l’APM renvoie à un modèle purement mathématique, aveugle à la réalité du terrain et qui sous couvert d’équité, dans un contexte de pénurie généralisée qui plus est, conduit à redéployer les moyens déjà existants sans créer ceux qui sont nécessaires. Depuis que l’APM est supposée prendre en compte la situation des établissements écartés de la carte de l’Education prioritaire depuis la dernière réforme, on a vu comment ils sont traités avec des baisses de moyens dès qu’ils perdent quelques élèves par exemple. Ces modèles et leurs justifications par l’Administration du type « ah mais on aurait dû vous en enlever plus, c’est grâce à l’APM que vous êtes protégés » ne sont pas compris, à juste titre, par les collègues. Ce sont des parfaits exemples de cette langue de bois technocratique qui nous est opposée. Donc pourquoi les utiliser ? Pourquoi les reprendre à notre compte même en les parant de nouvelles vertus, celles qu’on voudrait ? A l’heure où nos établissements sont gouvernés par les indicateurs, il n’est pas nécessaire d’acter cette logique. Un indicateur souvent oublié par ailleurs, le H/E montre que les établissements de centre ville sont loin d’être moins dotés que des établissements de banlieue ou de la ruralité.

Il serait bien plus simple et compréhensible de dire qu’il faut élaborer des modes transparents de calcul d’attribution des moyens qui prennent réellement et mieux en compte les inégalités sociales et les besoins de chaque établissement (difficultés scolaires, sociales et géographiques). Ce sont des indices sociaux et scolaires, transparents et nationaux, qui doivent conditionner une dotation juste pour les établissements. Une dotation juste qui leur évitera de recourir à des projets plus ou moins sérieux mais toujours expérimentaux et novateurs pour gratter quelques moyens.

C’est le sens de notre amendement qui propose de remplacer le paragraphe 3.4 par « Une relance budgétaire de l’Éducation nationale, permettant aux établissements de fonctionner selon des grilles horaires nationales incluant les dédoublements, des seuils d’élèves par classe qui tiennent compte des inclusions, est nécessaire. L’attribution de moyens, à l’intérieur et à l’extérieur de l’éducation prioritaire, doit se faire sur des critères sociaux et scolaires, nationaux et transparents, et non selon des projets ou contrats qui renvoient la responsabilité des choix au local et sont vecteurs d’inégalités ».