A ce jour, le projet de refonte de la formation spécialisée est quasiment bouclé. Il est clair que si nous pouvons encore faire évoluer à la marge la circulaire qui va mettre en musique le CAPPEI, la philosophie du texte est plantée et le ministère ne reviendra pas sur l’essentiel de son projet, sans une mobilisation forte de la profession dans le premier comme dans le second degré. La pétition n’est qu’une première étape.
En l’état, ce projet n’est pas acceptable tant il constitue une régression pour les personnels et l’enseignement spécialisés et un recul, voire un démantèlement de l’enseignement adapté.
Comme avec la réforme des RASED inscrits désormais dans les pôles ressources, des SEGPA puis des ULIS, le CAPPEI s’inscrit résolument dans le projet d’une éducation inclusive, qui bouscule l’École sans lui donner les moyens, ni le temps de construire une culture partagée de l’inclusion, de former sérieusement les enseignants généralistes à cette mutation. Par ailleurs, à force d’inclusion, ne construit-on pas de l’exclusion de l’intérieur ?
A force de nier le rôle de la prévention et de l’adaptation scolaire, ne fabrique-t-on pas du « handicap » ?
Gommer les différences, en dé-spécialisant le spécialisé et en spécialisant l’ordinaire a peu de chance de réduire les inégalités scolaires sans prendre en charge sérieusement et structurellement la question de la difficulté scolaire sans faire l’amalgame avec le handicap. Mais aussi sans répondre à la souffrance des collègues démunis face à ces élèves que l’école malmène.
Or, les missions des enseignant-es spécialisé-es sont clairement réorientées vers des missions inclusives au détriment de la prise en charge de ces élèves. Le projet de circulaire confirme que la fonction de personne ressource pour les enseignants spécialisés devient première. VRP de l’inclusion scolaire, il ou elle diagnostique, expertise, conçoit des projets pédagogiques adaptés, qu’il/elle met en œuvre ou pas, le plus souvent possible en co-intervention, conseille ses collègues généralistes, voire les forme ! On a déjà eu l’occasion d’éprouver ces dernières années cette stratégie ministérielle de réforme à moindre coût.
Le projet en cours de finalisation sera présenté au Conseil Supérieur de l’Éducation le 26 janvier. La position du SNUipp lors de ce CSE doit être claire au sortir du CN. Le vote en contre s’impose et doit être porté au CDFN du 17 janvier afin que le débat ait lieu dans la fédération. Même si cette réforme peut présenter une avancé en terme de volume de formation pour le second degré, qu’on ne s’y trompe pas, elle est avant tout à destination de ce même second degré que le ministère ne trouve pas assez sur les rails de l’inclusion.