La mort de Rémi Fraisse est le dramatique révélateur de l’échec du quinquennat de François Hollande. Un pouvoir sourd aux aspirations populaires peut aller jusqu’à commettre l’irréparable. Hollande finit ainsi sa mue vers le statut d’homme politique de droite, une droite qui nous avait habitué à la répression policière contre les mobilisations trop exigeantes.
La jeunesse était LA priorité de son mandat, les jeunes sont nombreux dans les manifestations d’oppositions à des projets qui piétinent l’environnement et servent les seuls intérêts des élus locaux ou d’une minorité d’affairistes. Manuel Valls déclarait pourtant maintenir le projet de Notre Dames des Landes, bel hommage à Rémi et nouveau message à toutes celles et tous ceux qui ont voté Hollande avec en tête des préoccupations écologistes.
Un article du Monde vient éclairer la réalité de la création des 60000 postes d’enseignants promis comme mesure phare de sa priorité à la jeunesse. Là encore, il faut déchanter, ce n’est qu’un pitoyable jeu d’écritures comptables, qui permet d’afficher des chiffres qui sur le terrain n’ont que très peu de réalité.
Sa deuxième priorité était l’emploi, avec un discours disant vouloir changer le cours de la politique européenne d’austérité. Encore un cinglant échec et une adaptation sans faille aux dogmes libéraux, comme le dossier emploi de ce numéro nous le montre.
Cette politique qui tourne brutalement le dos aux espoirs de celles et ceux qui avaient mené la lutte contre la politique de Nicolas Sarkozy, entraîne une crise globale à gauche. Les alternatives sont dures à faire émerger. Le mouvement social peine à mobiliser massivement et nombre de militant-es sont désorienté-es.
Sur le terrain syndical, la profondeur de la crise économique, le manque de perspectives et la dureté du discours tant du gouvernement que du patronat peut faire douter du combat collectif. Les récents déboires de la CGT, sa fragilisation depuis son dernier congrès et sa tentation de se rapprocher d’un syndicalisme d’accompagnement à la façon CFDT, brouillent encore les cartes.
Ce désarroi laisse le champ libre au FN qui est utilisé par les partis institutionnels comme un paravent pour faire accepter des politiques toujours plus dures. C’est jouer avec le feu.
Pour autant des éléments importants peuvent servir d’appui pour créer les conditions de mobilisations de reconquêtes.
Les manifestations du 15 novembre autour du collectif AAA, qui réunit forces associatives, politiques et syndicales, montre que la préoccupation de lutte unitaire contre l’austérité peut trouver des débouchés concrets. Et ce d’autant que ce type de mouvement commence à avoir une certaine cohérence au niveau européen avec l’Espagne, la Gréce ou encore les manifestations d’importance en Belgique contre l’austérité et même en Allemagne.
Les mobilisations autour de collectifs comme RESF, la ZAD de Sivens ou de Notre Dame des Landes montrent une réactivité pour défendre des valeurs antiracistes, anti-libérales et anti-productivistes.
C’est dans ces cadres divers que des jeunes sont mobilisés et jouent un rôle important.
Dans tous ces secteurs, nous avons la possibilité d’inverser le cours des choses. Notre engagement militant est plus que jamais primordial.
Bernard Deswarte