Laurent Cadreils : Le 22, le 26 et les suites

Je ne vais pas ici revenir sur la période que nous traversons et sur la nécessité largement partagée de réussir la grève du 22 mai.
L’arc unitaire plus large, les 4 chantiers de dynamitage de la fonction publique, les instructions Blanquer visant à transformer les enseignant-es en exécutants et l’école en lieu de reproduction des inégalités ne semblent pas entrainer aussi mécaniquement une forte augmentation du niveau de mobilisation par rapport au 22 mars. L’impression du rouleau compresseur libéral et le manque de perspectives unifiantes jouent sur le moral dans les salles des maitres-ses. C’est pour cela, qu’inlassablement il nous faut convaincre du fait qu’il s’agit réellement d’un changement de paradigme.

C’est dans ce contexte que la perspective d’une journée de cristallisation des diverses oppositions à la politique de ce gouvernement doit être placée. Si, entre nous, il n’y a pas de débat sur la nécessité d’un moment fort, symbole d’un tous ensemble, je voudrai revenir sur la journée du 26 mai.
Jeudi matin, l’appel à cette journée sera rendu public. Cet appel, à l’initiative d’Attac et de Copernic, a été construit dès le départ comme une initiative de centralisation de toutes les oppositions. Comme contre le TCE, il s’agit d’une initiative syndicale, associative et politique. Depuis le début, l’appel est écrit avec les organisations syndicales et n’est pas un bis repetita du 5 mai. Ce type d’initiative a eu lieu ces dernières semaines à Marseille comme à Toulouse et elle a permis que le camp du progrès social se retrouve pour un dépassement des mobilisations sectorielles et donc pour gagner.

Alors, oui les choses ne sont pas simples. C’est en ayant une forte coloration syndicale que la journée du 26 pourra correspondre à ce que nous en attendons. Si les différentes organisations syndicales en sont, au premier chef solidaire et la CGT, alors il y aura, de fait, une coloration syndicale. A nous de faire en sorte qu’elle soit le plus visible possible et la plus claire possible. Pour cela, nous pouvons communiquer pour dire que nous serons en grève et en manifestation le 22 et, dès le samedi suivant pour ne pas laisser retomber le souffle, à nouveau dans la rue pour défendre notre modèle social issu du compromis social de la libération.

La période est riche de forces convergentes donc et de bonnes surprises : le referendum à Air France, une mobilisation à la SNCF qui reste à un niveau important après 18 jours de grève, la prise de conscience très large de la politique pro riches du gouvernement. Mais il nous faut être très vigilantes et vigilants à ne pas apparaître comme ceux qui laisseraient passer le train.

Nos collègues pour une partie d’entre eux peuvent être surpris de voir les organisations syndicales défiler avec les associations et les partis politiques (EELV, Générations, FI, PCF, Ensemble, NPA, et nous verrons pour les autres…). Nous pouvons sans problème défendre cette position si cela se fait en toute indépendance quel que soit le gouvernement. Pour le dire autrement le respect de la Charte d’Amiens et la possibilité de défendre le 22 comme le 26 avec d’autres partenaires le Service Public et ses agents sans jamais se dire que nous sommes pieds et poings liés avec les partenaires du moment.
Nos collègues pour une autre partie ne pourraient pas comprendre que la FSU et le SNUipp passent à côté de la première manifestation majeure voyant se cristalliser l’opposition à la politique de casse. Et dans la rue le 26 nous serons avec les militantes et les militants qui font vivre le SNUipp au quotidien. Celles et ceux qui font la communauté SNUipp dont nous auront besoin lors des élections. Celles et ceux qui de toute façon en seront.

A nous donc de faire du 22 mai une réussite et, pour les collègues, du 26 mai une suite légitime de cette nouvelle journée de grève en portant la marée populaire où nos collègues pourront venir en famille et retrouver les parents d’élèves avec lesquels ils défendent le Service Public d’Éducation. Il nous faut donc appeler et faire connaître cet appel dès jeudi en même temps que les autres appelants. Le mieux serait après la prise de décision du CN que la FSU puisse être signataire de l’appel unitaire.