« Catéchismes » féministes pour l’été

Trois courts ouvrages écrits à un siècle d’écart et étrangement – ou malheureusement – ressemblants peuvent nous permettre, à la plage ou ailleurs, de bachoter sans en avoir l’impression.

  • « Si tare il y a, elle est acquise plutôt que naturelle. »

    « Le féminisme n’est pas l’anti masculinisme. Nous ne voulons pas substituer une tyrannie à une autre. Nous demandons simplement l’égalité des sexes. »[[Petit bréviaire du parfait féministe, ou comment répondre une bonne fois pour toutes aux arguments misogynes, Jean Joseph-Renaud

    Illustré par Pénélope Bagieu éditions Autrement Janvier 2015. ]]
  • « Notre féminisme est une haine assumée et revendiquée envers un système au service des intérêts masculins mais pas une haine envers les hommes eux-mêmes. »[[Manifeste FEMEN,

    Les éditions UTOPIA Avril 2015.]]
  • « Pour ma part, je considère comme féministe un homme ou une femme qui dit : oui, la question du genre telle qu’elle existe aujourd’hui pose problème et nous devons le régler, nous devons faire mieux. Tous autant que nous sommes, femmes et hommes. »[[Nous sommes tous des féministes,

    Chimamanda Ngozi Adichie Folio inédit Janvier 2015.]]

Les bibles féministes ne manquent pas mais parfois, pour reprendre Jean Joseph Renaud, escrimeur médaillé olympique en 1908 et pourfendeur du mariage et de la réaction, défenseur avant l’heure du droit à l’avortement, « les savants ouvrages où le public pourrait se renseigner sur le féminisme sont parfois un peu au-dessus de sa puissance d’attention et d’étude ».

L’exploitation par le travail est bien sûr abordée « Les féministes, ne l’oublions pas, réclament – et de l’État d’abord – l’application de ce principe : « À labeur égal, salaire égal ! »(1) comme l’importance du combat féministe de classe surgit dans l’écriture de C Ngozi : « et si nous inculquions aux garçons et aux filles qu’il ne faut pas faire de lien entre virilité et argent ? »

Et si l’idée était « c’est au plus riche de payer » plutôt que « c’est au garçon de payer » ?

Mais c’est la question de la sexualité, du corps des femmes, qui est au centre de la lecture.

Quand les Femen affirment vouloir « comprendre cette société dominée par les hommes dans laquelle les femmes doivent garder leur bouche fermée et leur vagin ouvert », JJ Renaud écrit cent ans plus tôt qu’« épouse ou prostituée, c’est toujours cet échange, c’est toujours l’étreinte sexuelle vendue à l’homme » quand Chimamanda Ngozi Adichie rappelle que « nous apprenons la honte à nos filles. Croise les jambes. Couvre toi » et que dans son pays de naissance, « Une femme qui entre seule dans un hôtel est automatiquement cataloguée comme travailleuse du sexe ».

Et les Femen d’invoquer que « la sexualité féminine est un champs de bataille. Qu’il soit exposé à outrance ou bien dissimulé, le corps féminin est systématiquement réduit à une érotisation arbitraire… le corps de la femme est sous le contrôle du patriarcat. »

Le mariage n’est pas épargné et son traitement se fait écho entre ouvrages. C Ngozi Adichie raconte qu’une « de ses amies lui avait recommandé de ne pas écouter mon « discours féministe », sinon elle assimilerait des idées qui saperaient son mariage » et JJ Renaud d’affirmer que « quel que soit le régime, la puissance maritale est souvent et peut toujours être l’exploitation maritale ».

Et l’écho résonne encore plus fortement à propos des religions. JJ Renaud affirme que « Le christianisme, ou plutôt les ascètes grossiers qu’étaient les Pères de l’Église, accentuent cette tendance en déclarant la femme complice de Satan, impure, responsable de tous les péchés des hommes, instrument de damnation, porte de tous les vices, soupirail de l’enfer » auquel les FEMEN répondent que « Puisque l’essence même des religions donne aux femmes une place de second choix dans la société… FEMEN choisit d’opposer à ces systèmes leur pire ennemi : un corps de femme libre ».

C’est donc l’action, le choix d’un « corps féminin dénudé et revendicatif sur la place publique »(2) ou la décision « d’être désormais une Féministe africaine Heureuse qui ne déteste pas les hommes, qui aime mettre du brillant à lèvres et des talons hauts pour son plaisir, non pour séduire les hommes »(3), la « franchise politique »(1), la prise de conscience qu’« il est impératif que les hommes réagissent face à tous ces faits flagrants de la vie quotidienne »(3), qui permettront de faire advenir cette société féministe donc humaniste.

« Prenons nos responsabilités maintenant, battons-nous, n’acceptons plus, n’ayons plus peur, révoltons-nous »(2) ●

Amen

Ingrid Darroman