- Intervention de Julien Rivoire au CDFN de novembre 2022
L’ouverture de la COP27 a bénéficié ce 6 novembre d’environ 2% du temps médiatique sur la journée en France ; deux fois moins que pour la COP26. A ce rythme le traitement de la COP30 se résumera à une brève du journal de 23h sur France 24 ! Un traitement inversement proportionnel à l’accentuation du réchauffement et à la vitesse à laquelle la biodiversité s’effondre.
Or les COP, malgré leurs limites ne sont pas sans enjeux. La question des engagements de réduction d’émission, des pertes et dommages dus aux évènements climatiques, ou encore du fond vert… en résumé, la question centrale de la justice climatique, celle de la dette climatique que les pays du Nord ont contracté envers les pays du Sud.
Sur chacun des sujets, le problème n’est pas la COP en tant que telle, mais l’inaction des États et en premier lieu des premiers responsables. Or , les solutions existent pour éviter un réchauffement supérieur à 1,5 degré… elles sont avant tout politique.
Prenons garde à l’émergence d’une petite musique, qui a remplacé celle trop vulgaire du climatoseptissisme. S’il est de bon ton dans les courants conservateurs de prendre acte du dérèglement climatique, c’est pour nous expliquer qu’il est trop tard pour agir et que l’enjeu est maintenant de nous adapter. Parier sur une adaptation de nos sociétés dans un monde à 3°C est une folie quand on voit les effets déjà là d’un réchauffement à 1°C !
C’est dans ce contexte qu’il faut lire la multiplication d’actions de désobéissances civiles. C’est que le décalage entre la réalité des constats et des faits scientifiques rend d’autant plus insupportable l’inaction de nos gouvernements…insupportable le décalage entre les profits des industries fossiles, leurs investissements dans de nouveaux projets, insupportable le refus d’un gouvernement comme celui de Macron de les taxer. Insupportable la répression envers nos mouvements et l’impunité dont bénéficie ce qu’il convient d’appeler des criminels climatiques.
Des scientifiques sortent de leur réserve et vont bloquer le salon de l’automobile en Autriche, et se retrouvent 4 jours en GAV. Des jeunes balancent quelques jus de tomates sur la vitre d’un tableau. On peut discuter de l’efficacité des stratégies des un.es et des autres…mais en se rappelant que c’est assez soft par rapport aux suffragettes qui cassaient des vitrines pour obtenir le droit de vote. Et de se réjouir aussi que des jeunes ne sombrent pas dans l’éco-anxiété et ne renoncent pas à vouloir changer le système.
Le mouvement contre les mégaBassines est à ce titre enthousiasmant. Ce sont des milliers de personnes qui se mobilisent, y compris en bravant l’interdiction de manifester, avec une grande diversité de cultures militantes voire de point de vue. Mais qui restent unis pour défendre un bien commun comme l’eau. Cette mobilisation a réussi à mettre à l’agenda la question cruciale de la juste répartition de ce bien commun vital alors que nous sommes toujours en ce début novembre en situation de sécheresse sévère.
La désobéissance civile a une longue histoire au sein des mouvements sociaux, y compris au sein du mouvement ouvrier. Ce n’est pas forcément le répertoire d’action avec lequel nous sommes le plus à l’aise à la FSU… mais les enjeux de ce combat sont vitaux. Ces modalités d’action vont se multiplier, la FSU ne peut pas rester spectatrice, et doit remettre sur le métier ces questions, en les prenant au sérieux, et sans dénigrer a priori leurs auteurs.