En Angleterre, où les banques s’apprêtent à verser des millions de £ comme stock-options, le gouvernement Cameron impose une hausse considérable des droits d’inscription à l’université (on passe de 3200 £ à 9000 £) et la suppression de 500 000 postes de fonctionnaires.
Au Portugal, 42 % des chômeurs n’ont plus aucun droit, 900 000 précaires touchent à peine 400 euros par mois et les retraites sont « gelées » pour 2011. En Grèce, baisse généralisée des salaires, le nombre des chômeurs atteint 20 % de la population active. En Espagne, les mêmes recettes avec, en plus, la suppression de la prime de 2 500 euros pour la naissance d’un enfant. En France, gouvernement et patronat organisent le partage des richesses créés par les salariés à leur seul profit, sans aucun complexe ! Alors que le smic ne va augmenter que de 5 euros par mois, rentabilité des entreprises oblige, Carlos Ghosn a perçu une prime à la casse de 9 millions d’euros (600 fois le smic !) et s’apprête à supprimer 3 000 emplois sur les chaînes de montage de Renault. L. Betancourt pèse, quant à elle, l’équivalent de 20 000 smic ! Cerise sur la galette : les actionnaires des entreprises du CAC 40 (responsables de la destruction de 500 000 emplois en 2009) vont toucher plus de 40 milliards de dividendes, plus qu’avant la crise !
Malgré les belles déclarations de Sarkozy au début de 2010, le nombre des chômeurs n’a cessé de grimper pour atteindre aujourd’hui près de 5 millions de personnes, dont 700 000 de plus de 50 ans ! Alors, il est plus que temps de renverser la vapeur ! L’année 2010 a aussi été une année de luttes à l’échelle européenne.
La France a vécu la formidable bataille contre la réforme des retraites qui, si elle ne nous a pas permis de gagner, a redonné confiance à des millions de personnes dans la lutte collective. En Grèce et au Portugal, pour la première fois depuis des décennies, les appels à la grève générale ont été massivement suivis, dans le secteur public, mais aussi dans le privé. En Angleterre et en Italie, les luttes de la jeunesse étudiante s’enchaînent pour s’opposer aux plans d’austérité dans les universités.
L’enjeu est de taille : la « crise » ne bénéficie pas uniquement aux patrons et aux banquiers, elle fait le lit de l’extrême droite qui se renforce d’une façon inquiétante au niveau européen. L’histoire, même si elle ne ressert pas les plats, a montré que toute défaite du mouvement ouvrier pouvait avoir des conséquences dramatiques.
Face à la détermination des capitalistes à nous mener une guerre sociale, le mouvement syndical doit organiser et coordonner nos luttes à l’échelle européenne. L’euro-manif du 29 septembre – 100 000 personnes à Bruxelles – est un premier pas, resté sans lendemain. La CES, qui a été incapable d’organiser la solidarité avec les salariés des raffineries françaises à l’automne, devrait montrer beaucoup plus de détermination à lutter efficacement contre l’Europe des patrons et des banquiers, au lieu de demander que les plans d’austérité soient appliqués avec un peu plus d’humanité !
Au cours de l’automne 2010, les salariés européens ont montré leur détermination à s’opposer à la casse des emplois, des systèmes de protection sociale et des services publics, mais chacun dans son coin ! Pour gagner, comme l’ont scandé les étudiants anglais à l’assaut des locaux du parti conservateur, c’est « tous ensemble » qu’il faut lutter pour mettre en échec le capitalisme et montrer qu’un autre monde est possible ! Alain Ponvert, le 13 janvier 2011