8 mars 2022 un souffle positif

Par Sophie Abraham

Dans la période complexe que nous traversons la mobilisation féministe du 8 mars a apporté un souffle positif. D’abord par l’élan de solidarité internationale qu’elle a suscité envers les femmes qui subissent de plein fouet les oppressions patriarcales partout dans le monde et en particulier les guerres et les régimes autoritaires comme en Afghanistan, en Ukraine ou encore en Russie. Malgré la volonté réactionnaire de réduire leurs droits à néant, de les asservir, de les contrôler, les femmes se soulèvent et continuent de manifester malgré les risques qu’elles encourent.

Le dynamisme du 8 mars montre que les questions d’égalité entre les femmes et les hommes sont une préoccupation de plus en plus croissante dans la société. De très nombreuses initiatives ont eu lieu partout en France rassemblant des dizaines de milliers de manifestant·es dans des actions fortes et très bien relayées médiatiquement. Le matériel de campagne unitaire, intersyndical comme fédéral, fourni en amont a été important et de grande qualité.

Au delà de la réussite de cette journée, il est indispensable de poursuivre le travail au long court engagé sur l’égalité entre les femmes et les hommes pour convaincre nos collègues de s’engager plus en avant dans la grève féministe.
Le récent rapport de l’INSEE montre que la décrue des inégalités est encore très lente dans tous les domaines : scolaire, professionnel, vie privée.
Il nous reste encore beaucoup à faire pour informer et former pour engager nos collègues dans l’action.

Communiquer régulièrement sur notre action dans le cadre des négociations sur les plans d’action, sur la question des écarts de carrière, de salaires, sur ce qui les fondent, les stéréotypes de genre et les inégalités ancrées dès le plus jeune âge. Déconstruire et agir en amont pour éviter la perpétuation des inégalités tout au long de la vie (scolarité, monde du travail, retraites …). Car dans les semaines à venir, les femmes vont encore payer le prix fort des décisions prises majoritairement par des hommes.

Ce qui pose aussi en filigrane, la question de la place faite aux femmes dans la vie publique, dans les lieux de décision et de pouvoir. A cet égard, si la place des femmes progresse de manière constante dans notre organisation, l’objectif de la parité dans nos instances n’est pas encore atteint. La sphère militante n’échappe aux poids des stéréotypes et normes de genre et il nous faut encore travailler à leur déconstruction afin de favoriser l’engagement des femmes à tous les niveaux.

Au delà de la parité, c’est aussi la question des moyens de faciliter l’implication des femmes dans la vie syndicale en général qui doit être posée. Il nous faut pousser plus loin la réflexion sur notre fonctionnement, sur l’organisation du temps militant, de son articulation avec les autres temps (professionnel et personnel), la répartition des tâches syndicales et sur les formations à mettre en place. La féminisation des équipes militantes n’est pas un supplément d’âme, c’est un enjeu pour le syndicalisme et un enjeu pour la société !