Thème 3 – Dénoncer l’apartheid pour l’égalité des droits, pour une paix juste et durable et le respect du droit international

Antoine Vigot (CAN, Normandie)

Cher.e.s camarades,

J’interviens sur la fiche Palestine pour évoquer la question de l’apartheid.

Le 10 mars 2022, la Knesset a adopté la « loi sur la citoyenneté », une loi qui interdit aux Arabes israélien·nes de procéder à des regroupements familiaux et donc à leurs conjoint·es d’obtenir un droit de séjour permanent en Israël. C’est une entrave à la circulation fondée sur une discrimination raciste.

Ayelet Shaked, ministre de l’intérieur israélienne se réjouissait de cette adoption sur twitter en une formule éloquente : “Un état juif et démocratique 1 / Un Etat de tous ses citoyens 0”

Voilà la conception raciste qui prévaut à la tête d’un Etat, régulièrement et abusivement qualifié de seule démocratie du PO, aujourd’hui dominé par l’extrême droite.

Cette mesure fait suite à la loi de 2018 sur « Israël, Etat nation du peuple juif » qui instaure, dans la constitution une discrimination entre citoyens selon leur origine . Cette loi ne reconnaît notamment le droit à l’autodétermination qu’aux seul·es citoyen·nes juif·ves. Ce droit est dénié aux Palestinien·nes.

Depuis le début de l’année, plusieurs centaines d’arrestations arbitraires ont eu lieu. Parmi les milliers de détenu·es souvent dans des conditions indignes, une centaine d’enfants palestiniens sont condamnés sans procès, et jugés dès l’âge de 15 ans comme des adultes, les enfants israéliens ne sont considérés pénalement comme adultes qu’à partir de 18 ans.

Depuis le début de l’année les destructions de maisons, les dépossessions violentes, des terres et ressources, se sont encore amplifiées, notamment à Jérusalem Est. Le blocus inhumain de Gaza se perpétue. Il dure depuis 15 ans.

Depuis le début de l’année les violences rythment le quotidien : déjà près de 50 morts, encore ce matin une journaliste palestinienne Shireen Abu Aqleh, qui couvrait les affrontements à Jénine a été tuée d’une balle dans la tête par un tir de l’armée israélienne.

Ces discriminations organisent une fragmentation politique, géographique et juridique de la population palestinienne, de la Méditerranée au Jourdain, en Israël comme dans les territoires occupés. Cette fragmentation fait système : elle est perpétuée par Israël au moyen de pratiques violentes commises par les forces de sécurité en Israël, l’armée et les forces d’occupation, par les colons, qui bénéficient d’une large impunité.

Toutes ces violences, cette fragmentation multiple, les discriminations à grande échelle relèvent d’un régime d’apartheid tel que ce crime est défini par les statuts de la CPI. L’apartheid est un crime contre l’humanité commis avec la volonté spécifique d’entretenir un cruel système de contrôle par un groupe racial sur un autre. Il est le pendant de l’occupation prolongée et illégale du territoire palestinien occupé, qui, selon les termes du rapporteur spécial, « ne se distingue plus de l’annexion ».

« Bien nommer les choses » dit notre journal de congrès : je souhaite attirer l’attention de la salle : employer le terme apartheid n’est pas une lubie idéologique, c’est décrire une réalité vécue. L’invisibiliser en refusant de « bien nommer les choses », c’est nier une réalité documentée largement. Après Amnesty international, après Human Rights Watch ou l’ONG israélienne des droits humain B’Tselem, le rapporteur spécial de l’ONU pour les territoires palestiniens à son tour, Michaël Lynk, dénonçait dans son rapport conclusif fin mars le régime d’apartheid.

L’apartheid n’est qu’un outil entre les mains du gouvernement israélien (tout comme l’occupation) pour atteindre son objectif ultime – le colonialisme sioniste, en tant que cause profonde et force motrice derrière l’expansion et la poursuite de l’apartheid.

Le dénoncer, ce n’est pas faire faire un anachronisme avec la situation de l’Afrique du Sud avant 1991, c’est se référer à un crime juridiquement défini par le statut de Rome de la CPI.

Dénoncer l’apartheid, ce n’est pas remettre en cause l’État d’Israël, c’est nommer et combattre un régime inique qui organise la domination sur les Palestinien·nes et la perpétue !

Dénoncer l’apartheid, c’est contribuer aux campagnes de solidarité internationale impulsées par la société civile palestinienne, c’est mettre en difficulté la politique sioniste, comme nous le faisons lorsque par exemple nous soutenons l’initiative citoyenne européenne sur le boycott des colonies.

Avec, toujours à l’esprit notre solidarité internationaliste pour l’égalité des droits, pour une paix juste et durable et le respect du droit international !