Intervention de Lucie Lefèvre (BN, Nantes)
Les néolibéraux ça ose tout, c’est même à cela qu’on les reconnaît.
Face à une salle des prof·es désabusée, des perspectives de luttes sont à dessiner. Les montres de chacun-es ne doivent pas seulement se régler sur le calendrier électoral. Cette tiédeur apparente dans notre profession n’est pas à la hauteur des enjeux actuels : il nous faut lutter contre la toute puissance de ce gouvernement et contre l’idéologie qui guide son action de destruction. Il nous faut aussi combattre les idées d’extrême droite qui sont relayées chaque jour.
Les néo-libéraux, de Macron à Bolloré en passant par Blanquer osent tout. Non contents de garder et même de sauver leur modèle économique au prix d’un déni ou d’un cynisme inouï et de préserver leur culte de la croissance qui détruit l’écosystème de la planète, ils poursuivent leur campagne de destruction des protections sociales, de la sécurité sociale en particulier. Leurs armes : des choix politiques qui privilégient les plus riches et des formules outrancières qui stigmatisent celles et ceux qui luttent contre les discriminations et l’exclusion.
La pandémie jette une lumière crue sur les dégâts que causent les néolibéraux : on voit mieux l’abandon de l’hôpital public, on voit très bien le manque de reconnaissance dont souffrent l’ensemble des personnels des services publics. Nous sommes d’accord sur le fait que la crise que traverse en ce moment la Guadeloupe comme celle d’un territoire abandonné et que la gestion de la crise sanitaire a enflammé.
On ne pourra pas reprocher à ce quinquennat d’avoir joué la carte de la rigueur, mais pour qui pour quoi investit-il ? Le nucléaire, l’armée, l’intérieur. Dans l’éducation, la rallonge annoncée permettra une augmentation des salaires en trompe l’œil qui ne trompe personne, elle renforcera des dispositifs délétères qui ne font qu’externaliser l’orientation, la formation professionnelle, et le soutien des difficultés scolaires. Dans ces conditions, qui peut s’étonner de la crise de vocation des professeur-es, du sentiment d’abandon dans certains territoires, de la fuite vers le privé ? Ces manques, ces vides orchestrés par le gouvernement, les officines privées les guettent et s’en partagent de belles parts. Quelle manne tout ce travail pédagogique et didactique représente ! On ignore toujours un peu la valeur de ce que nous produisons, les sociétés privées dans les domaines du numérique, du soutien scolaire ou à l’orientation ont très bien compris sa valeur marchande, elles.
Les idées rétrogrades de Blanquer, opposées à notre idéal de transformation sociale, contraire à notre souhait de voir nos élèves s’émanciper, engluent toujours plus nos collègues dans cette crise de sens infinie. Nous pouvons nous féliciter de la lettre ouverte à Emmanuel Macron sur le mépris de l’École assumé par une certaine presse. Nous devons rendre visibles nos positions sur le sujet, sans en avoir honte, au contraire. Nous devons rejoindre les syndicats les plus proches dans ce champ politique pour mener des combats clairs et unitaires et construire, forts de nos mandats, un « Plus jamais ça » de l’éducation.
Menons une campagne sur des thèmes susceptibles de faire office de détonateurs et qui doivent être mis en perspective avec l’idéologie libérale mise en œuvre : fin de la labellisation en Éducation prioritaire (qui signifie aussi la fin des primes), la question des effectifs, des suppressions de postes, des fermetures de classes, des non-remplacements et postes non pourvus, des Projets Locaux d’Évaluation en lycées, les pressions hiérarchiques, les certifications. Reprenons le chemin des actions locales, ponctuelles, pourquoi pas alternatives, pour construire petit à petit une future action plus collective et de masse. Soutenons et médiatisons tous les combats locaux, en premier lieu celle de nos collègues injustement sanctionnés, comme Édouard.
Il faut aussi former communiquer sur ce qu’on doit bien appeler la destruction de la sécurité sociale et du symbole de solidarité qu’elle représente et, comme cela a pu être dit hier matin, former les militant-es à ce sujet. Un mail succinct et clair sur PSC pourrait être envoyé à toute la profession pour expliquer les limites et expliquer notre conception d’une véritable protection sociale.
Renforçons et formons les équipes militantes locales, dans les S1. Cela passe par exemple par la mise en place de collectifs de S1, le renforcement des décharges liées au travail de terrain et la possibilité pour les S1 de se coordonner localement (par des listes de discussions ou des forums).
Dans les établissements, à l’échelle d’une ville, d’un bassin ou d’un département, tentons d’appeler à tenir ou associons-nous aux réunions, Assemblées Générales, HIS, sur les thèmes qui concernent notre profession, les services publics, l’écologie et la lutte contre les idées d’extrême droite.