Julien Rivoire : Pour un « green new deal » syndical.

La rentrée sociale sera marquée une nouvelle fois par des mobilisations pour le climat avec une semaine de mobilisation partout dans le monde du 20 au 27. En France sous un mot d’ordre commun : « climat et justice sociale mobilisation générale ». Dans le monde entier aux mobilisations de jeunes du vendredi vont se succéder des manifestations citoyennes. Et, bonne nouvelle, le nombre de pays où des syndicats soutiennent ces mobilisations se multiplient (cf. en France la déclaration commune CGT, Solidaires et FSU)

Mais au delà de ces soutiens syndicaux très positifs, la question de l’intervention syndicale sur ces enjeux écologiques reste posée. Le syndicalisme se sent aujourd’hui concerné, mais reste un peu attentiste, le plus souvent en soutien des mouvements « citoyens » et des associations.

Pourtant l’emballement des crises environnementales et climatiques posent des urgences auxquelles nous devons répondre, à la fois sur le plan de l’alternative globale, mais également dans la défense quotidienne des agent.es.
Un cas d’école nous est donné avec les canicules de juin et juillet. Lorsqu’il fait 40C° dans les bureaux ou dans un service, quelle revendication portons nous ? Faut il des congés canicules ? Un droit de retrait adossé à une réglementation sur des températures maximales ? Faut-il revendiquer une climatisation pour les services publics pour permettre ainsi, à nos concitoyens notamment dans les quartiers populaires de trouver un refuge et un peu de fraicheur ? Mais avec une telle revendication, ne serions nous pas incohérents en participant de la fuite en avant énergétique ?

Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres, mais nous devons mettre au travail ces problématiques pour donner une cohérence à cette historique « double besogne » du syndicalisme de transformation sociale : des revendications immédiates, pour améliorer les conditions de travail, adossées à un projet de transformation sociale et écologique. Et sur le terrain du projet global nous avons aussi notre mot à dire pour faire que « fin du monde et fin du mois » soit un même combat.

Les réponses à la crise climatiques des gouvernements sont toutes désespérantes, terrifiantes même : les climatoseptiques que sont Trump et Bolsonaro intensifient le pillage des ressources naturelles, tandis que les ultra libéraux à l’image d’E. Macron continue d’intensifier le libre échange et ne voient la transition écologique que comme des opportunités de coups de com’, ou de nouveaux profits pour le capital. Et tous se retrouvent pour agiter la peur des migrant.es climatiques.

Nous devons incarner une autre voix, celle qui met la solidarité et l’égalité au cœur du projet de transformation sociale et écologique, un projet qui ne soit pas qu’un succession de revendications, mais une sorte de green new deal dont le financement reposera sur une révolution fiscale, progressive et redistributive, obligeant les multinationales et les entreprises les plus polluantes à contribuer massivement, un plan d’investissements guidé par le souci de l’intérêt général et non sur les lois du marché. Cela veut dire un plan de développement de services publics et d’une fonction publique sous statut, au service de la satisfaction des besoins sociaux et environnementaux, avec des agent.es protégé.es de la pression des lobbys et non soumis à la recherche du profit à plus court terme.

A la suite de la COP21, nous ( la FSU) avons réussi à travailler avec plus de 30 organisations dans le cadre de l’initiative « un million d’emplois pour le climat ». Nous n’avons peut être pas su valoriser cette initiative à sa juste valeur d’ailleurs.
Nous pourrions passer à l’ étape supérieure en travaillant avec nos partenaires syndicaux de la transformation sociale évidemment, mais également des associations comme Attac, Oxfam, Greenpeace, la LDH et bien d’autres, des économistes atterré.es… pour construire et défendre un projet alternatif de transformation sociale et écologique désirable.